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POU POZ


facilement exportée, se trouvant sur le bord de la mer.

Elle a été produite par une lave d’une étendue considérable, que quelques personnes croient être sortie du volcan de la Solfatura dans des temps inconnus. Cette lave a, dans quelques parties, quatre-vingts pieds de hauteur sur un quart de mille d’étendue. Dans le fond ou à sa base, on voit plusieurs lits de cendres, de pierres ponces, de terres volcanisées et un amas de toutes les pierres jetées avant l’écoulement de la lave ; vient ensuite cette énorme lave dont on a parlé, recouverte de nouveau d’une cendre rouge, semblable au ciment pilé et calciné, qui est la pouzzolane par excellence, laquelle a donné le nom à toutes les terres volcanisées, dont on se sert avec tant d’avantage pour construire à l’air et dans l’eau.

Ce ciment, aux yeux du naturaliste, n’est autre chose qu’un mélange de scories volcaniques plus ou moins friables, poreuses ou calcinées, et passant à un état terreux par l’intermède des vapeurs acides sulfureuses. Est genus pulveris, écrivoit Vitruve du temps d’Auguste, quod efficit naturalité res admirandas. La qualité de ce ciment étoit tellement reconnue par les Romains, que Sénèque ne craignait pas de dire, puteolanus pulvis, si aquam attigit saxum fit.

Vitruve, dont on vient de citer l’opinion, croit que les vapeurs brûlâmes et sulfureuses qui exhalent au travers des terres, eurent un effet sur cette cendre appelée pouzzolane. Pour justifier cette opinion, il faudroit imaginer sous tous les terrains où elle se trouve, dans une très-grande étendue de pays, des gouffres immenses, d’où se seroient exhalées des vapeurs assez fortes, pour décomposer les terres les es pierres de tous ces pays. Il paroît que Vitruve ne connoissoît que par des traditions vagues, les effets des volcans et la propriété qu’ils ont de porter à des distances considérables, par l’action du veut qui les enlève, des flots de cendre et de poussière, qui finissent par s’accumuler en de certains endroits ; et il attribuait, dans les environs de Pouzzol, la vertu de la pouzzolane à une sorte de coction opérée sur les terres, par les feux souterrains, dont tout ce pays offroit de son temps les symptômes les plus incontestables. Cependant on trouve, et il auroit pu remarquer dans les environs même de Rome, qui furent jadis volcanisés, sous des couches de pouzzolane, d’autres couches de matières, qui ne paraissent avoir jamais éprouvé l’action du feu.

Il y a plusieurs espèces de pouzzolane dans les environs de Naples. On en trouve de grise, de jaune, de brune et de noire. Elles forment une poussière très-fine, mêlée de parties graveleuses qui s’écrasent facilement, et produisent, quand on les écrase, un petit bruit comme la pierre ponce. Ces parties paroissent être un mélange de débits de laves poreuses, de tuf et de pierre ponce. Ce mélange fait un peu effervescence avec les acides.

La pouzzolane de Rome est d’un rouge brun, mêlé de particules brillantes d’un jaune métallique. Elle ne fait aucune effervescence avec les acides ; elle peut être employée seule avec la chaux, et elle fait aussi un excellent mortier, tandis que celle de Naples a besoin d’être mêlée avec du sable et des pierrailles, surtout la jaune, qui est douce au toucher comme le sable argileux.

On fait encore un excellent mortier, en mêlant plusieurs espèces de pouzzolane ensemble, les plus terreuses avec les plus graveleuses.

Mais lorsqu’il s’agit de bâtir dans l’eau, si l’on mêle de la pouzzolane grise de Naples avec du sable, du rapillo et des recoupes de pierre, le mélange de ces différentes matières, broyé à plusieurs reprises avec de la chaux de bonne qualité et fraîchement éteints, forme une excellence maçonnerie, qui durait dans l’eau de la mer, où elle acquiert une plus grande consistance que lu pierre. On rencontre des masses énormes de cette espèce de construction le long des côtes de la mer, entre Naples et Gaète. Les flots de la mer ont poli ces masses à force de rouler dessus, sans avoir pu les décomposer.

Généralement on découvre de la pouzzolane dans presque tous les pays où il y a eu des volcans. On en a trouvé en France, dans les départements de l’Ardèche, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Vienne. Il y eu a dans l’Isle-de-fiance, à la Guadeloupe, en Ecosse, etc.

POZZO (ANDRÉ, dit le Père Pozzo), né en 1642, et mort en 1690. Ce seroit plutôt dans un ouvrage sur la peinture que devroit trouver place l’article biographique du P. Pozzo. L’extraordinaire habileté dont il a fait preuve comme peintre de décoration, à l’aide de la profonde science qu’il avoit de la perspective, a rendu son nom célèbre, dans l’art des plafonds surtout. Cependant, comme de son temps il étoit établi que tout peintre de voit être, ou devoit pouvoir être architecte, il est aussi juste de mettre Pozzo au nombre des architectes, qu’il est curieux et peut-être utile de remarquer, à quel point ces deux arts se sont trouvés toujours réunis dans une ressemblance de goût, de manière et de principe. C’est sous ce point de vue que nous avons donné ici une place au peintre, qui fut encore mettre à l’enchère dans la composition de l’architecture, sur la bizarrerie de Boromini.

André Pozzo naquit a Trente, et entra chez les Jésuites l’âge de vingt-trois ans. On rapporte que n étant encore que simple novice, il étoit employé aux détails de la cuisine, lorsque quelques jeunes seigneurs allemands, qui faisoient leurs études au collège des Jésuites, aperçurent chez lui des dispositions merveilleuses pour la peinture,

Diction. d’Archit. Tome III
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