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POU POU


nombre de boutiques, la charge des trumeaux de la façade des maisons.

On emploie des poutres de différentes longueurs et grosseurs. Celles qui sont en mur mitoyen, selon les règles des bâtimens, doivent porter plutôt sur toute épaisseur du mur, à deux ou trois pouces près, qu’à moitié, à moins qu’elles ne partagent cette épaisseur par moitié avec celles du voisin : en ce cas, elles peuvent porter que sur la moitié. Alors on soulage leur portée, de chaque côté, par des corbeaux de pierre, et l’on met une table de plomb entre les bouts des deux poutres qui se rencontrent, pour empêcher qu’elles ne s’échauffent et se pourrissent. Dans les planchers, on ne se sert guère de ces poutres, mais de solives passantes qui se posent sur les murs.

Les connoissances les plus importantes dans l’emploi des poutres, sont celles qui concernent l’effort dont elles sont capables, selon leurs différentes longueurs.

Il a été avéré par les physiciens qui se sont occupés de ces recherches, que,

1°. La résistance totale de chaque poutre est le produit de sa base par la hauteur.
2°. Si les bases des deux poutres sont égales en longueur, quoique les longueurs et les largeurs en soient inégales, leur résistance sera comme leur hauteur ; d’où il suit, qu’une poutre posée de champ ou sur le plus petit côté de sa base, résistera plus que sur le plat, et cela en raison de l’excès de hauteur que cette première situation lui donnera sur la seconde. On sera sans doute surpris, d’après cela, qu’on pose si souvent les poutres sur le plat dans les bâtimens ; c’est que l’on préfère celle situation, comme offrant à la bâtisse une assiette plus large.
3°. Si la somme des côtés des bases des deux poutres est égale, que ces côtés aient, par exemple, 12 et 12, ou 11 et 13, ou 10 et 14, et que les poutres soient toujours posées de champ, on trouve, selon cette espèce de série, que dans la première poutre, qui auroit 12 et 12, la résistance est 1728 et la solidité 144, ce qui donne le rapport de la résistance à la solidité ou pesanteur, comme 12 à 1. Ainsi, en se servant de la dernière poutre, qui auroit 1 et 23, la résistance seroit 529 et la solidité 23. Par conséquent, la première poutre, qui seroit carrée, auroit, par rapport à sa pesanteur, près de deux fois moins de force, c’est-à-dire, de résistance que la dernière. Dans les poutres moyennes, cette résistance, comparée à la pesanteur, iroit toujours en augmentant depuis la première jusqu’à la dernière. C’est ce qu’on va voir dans la table suivante.
TABLE du rapport de la force des poutres à leur solidité.
dimension des poutres. expression de la force ou résistance. expression de la solidité.
largeur. hauteur.
12 pouces. 12 pouces.
 
 1728
 
 
 144
12
 
  
13
 
  
 
 1852
 
 
 143
10
 
  
14
 
  
 
 1960
 
 
 140
9
 
  
15
 
  
 
 2025
 
 
 135
8
 
  
16
 
  
 
 2048
 
 
 128
7
 
  
17
 
  
 
 2023
 
 
 119
6
 
  
18
 
  
 
 1944
 
 
 108
5
 
  
19
 
  
 
 1805
 
 
 95
4
 
  
20
 
  
 
 1600
 
 
 80
3
 
  
21
 
  
 
 1323
 
 
 63
2
 
  
22
 
  
 
 968
 
 
 44
1
 
  
23
 
  
 
 529
 
 
 23

Poutre armée. C’est une poutre sur laquelle sont assemblées deux décharges en abouts, avec un chef, retenues par des liens de fer. Cela se pratique quand on veut porter à faux un mur de refend, on lorsqu’un plancher est d’une si grande étendue, qu’on est obligé de se servir de cet expédient pour soulager la portée de la poutre, en faisant un faux-plancher par-dessus l’armature.

Poutre feuillée. Poutre qui a des feuillures ou des entailles, pour porter dans cet encastrement le bout des solives.

Poutre quarderonnée. Poutre sur les arêtes de laquelle on a poussé un quart de rond, une doucine, on quelqu’autre moulure entre deux filets, ce qui se fait quelquefois pour l’orner, plus souvent pour faire disparoitre ce qu’on appelle la flasche, c’est-à-dire, l’empreinte de l’écorce, ou tout autre défaut.