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l’ouvrage de Staurakios Tuchitos, de l’île de Chio. Ces portes ont quinze pieds de haut et dix pieds de large, Le fond en est de bois recouvert de métal. On y compte cinquante-quatre compartimens qui renferment les figures isolées des Apôtres, des Evangélistes, des prophètes, et divers traits de la vie de Jésus-Christ, de la Sainte-Vierge et des premiers Martyrs. Le bronze étoit revêtu ou orné de niello, et de filets d’argent qui ont disparu en grande partie.

C’est de Constantinople aussi que furent apportées, vers le milieu du treizième siècle, les portes de bronze de Saint-Marc à Venise.

Cependant nous voyons à la fin du douzième siècle (1180) Bonano, artiste de Pise, fondre, pour la cathédrale de cette ville, des portes de bronze, qui furent en partie endommagées par le feu, mais dont il reste encore une portion considérable de douze compartimens.

C’est dans le même style que sont travaillées les portes de bronze de la cathédrale de Novogorod, et plus d’un motif tiré des bas-reliefs de ces portes engage à croire que ce fut un ouvrage contemporain de celui de Pise (1192). Chacun de ses deux battans offre quatorze compartimens où se trouvent représentés des sujets de la Bible, du Nouveau-Testament, etc. , avec des légendes et ces inscriptions en caractères russes. Cet ouvrage a été savamment commenté à Berlin par M. Friederich Adelung.

Comme nous comptons placer à la fin de cet article, d’après le savant que nous venons de nommer, la nomenclature de toutes les portes de bronze qui existent aujourd’hui en Europe, nous allons nous contenter de donner ici les notices abrégées des trois plus célèbres de ces ouvrages, et dans l’ordre de leurs dates.

Les deux premiers sont au baptistère de Florence.

L’an 1330, comme en fait soi l’inscription qu’on y lit, gravée sur le bronze, André Ugolino exécuta les portes de ce monument qu’on voit à droite en entrant dans cette rotonde ; on prétend que ce fut sur les dessins donnés par Giotto. Ces portes se composent de vingt-huit champs ou compartimens ; vingt de ces espaces sont remplis par des traits de l’historie de Jean-Baptiste, les huit autres contiennent des figures de Vertus. Ce travail, beaucoup moins sec que celui des ouvrages précédens, se fait distinguer par une certaine délicatesse d’expression et d’exécution.

Mais les plus célèbres portes de ce monument, et de beaucoup les plus belles de toutes celles que l’on condoît, sont celles qui s’ouvrent en face de la cathédrale, ci qui ont rendu à jamais fameux le nom de Laurent Ghiberti. On sait que ce qu’il y eut alors de plus habiles artistes, et de ce nombre étoient Bruneleschi et Donatello, se disputèrent, dans un concours ouvert par le grand Conseil de Florence, l’honneur de ce bel ouvrage, et que les concurrens eux-mêmes proclamèrent Ghiberti leur vainqueur. On compte sur ces portes vingt compartimens qui renferment l’histoire du Nouveau-Testament ; les espaces inférieurs sont occupés par les Evangélistes et les Pères de l’Eglise. Nous ne dirons rien ici de ces beaux bas-reliefs, dans le travail et le goût desquels Ghiberti devança tous ses successeurs, et n’a été égalé par aucun. C’est de ces portes que Michel Ange avoit coutume de dire, qu’elles seroient dignes d’être celles du Paradis.

Elles furent terminées en 1424.

C’est en 1445 que furent exécutées, sous le pape Eugène IV, les portes en bronze de l’ancienne basilique de Saint-Pierre, transportées depuis à l’entrée principale de la nouvelle église. Celles qu’elles remplacèrent à cette époque avoient été revêtues en argent ; on disoît qu’elles étoient venues de Jérusalem. La vétusté et les différens pillages que Rome avoit essuyés, en avoient opéré la dégradation. Antoine Filarête, fort habile architecte, et Simon, frère du célèbre Donatello, furent chargés de ce grand ouvrage qui, postérieur, comme on le voit, de vingt années à celui de Ghiberti, lui resta prodigieusement intérieur sous tous les rapports. Les bas-reliefs représentent les yres de saint Pierre et de saint Paul, et quelques particularités de la vie d’Eugène IV. On y a souvent remarqué comme une assez grave inconvenance, les petits sujets mythologiques, qui entrent dans les enroulemens et encadremens des bas-reliefs. Ceci ne doit s’expliquer que par l’habitude de considérer ces sujets comme de simples objets de décor, devenus tout-à-fait insignifians pour l’esprit.

Nous avons vu l’argent entrer comme incrustation, dans certains détails des portes de bronze modernes, et l’or mêlé à l’ivoire nous a paru être entré dans quelques-uns de ces ouvrages antiques.

On trouve cependant plus d’une mention faite de portes appelées d’or, porta aurea. Loin qu’on puisse se permettre de croire que ce métal précieux soit jamais entré en masse, ou en revêtement massif, sur des portes semblables à celles qu’on vient de citer, il faut croire, au contraire, ou qu’on aura donné le nom de porte d’or à des portes de métal simplement doré, ou peut-être ornées de clous dorés.

On appeloit et on nomme encore porta aurea, à Pola en Dalmatie, cet arc dont nous avons parlé à l’article de celle ville, et qui ne fut point un arc de triomphe. On appeloit de même, à Constantinople, l’arc élevé par Théodore-le-Grand, en mémoire de la défaite de Maxime. Dans plus d’une ville moderne, on a donné le nom de porte d’or à plus d’un ouvrage de ce genre, sur lequel on ne découvre pas la moindre trace d’or.

Nos temps modernes n’ont guère vu se renou-

Diction. d’Archit. Tome III
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