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ce goût de décorer, dans tous les pays où la peinture s’est occupée de l’embellissement des intérieurs des maisons.

On comprend aisément pourquoi nous ne pouvons citer sur les portes en bois et leurs ornemens, aucune autorité dans l’antique. Généralement les portes qui appartiennent à l’antiquité ont dû périr ; les unes, telles que les ouvrages en bois, vu le peu de durée de la matière, et les autres en métal, dont on fera mention plus bas, à cause de la valeur et du prix, qui finissent par causer la perte de ces sortes d’ouvrages.

Nous sommes portés à croire que le bois devoit faire jadis le fond de ces portes célèbres des temples que l’on revêtissoit d’ornemens plaqués et incrustés. Si, comme nous l’avons démontré en traitant de la statuaire en or et ivoire, et des colosses de ce genre (voyez le Jupiter olympien), le fond de ces grands simulacres sur lesquels s’appliquoient l’ivoire et l’or étoit de bois, le même genre de travail de l’or et de l’ivoire, en bas-relief, sur les surfaces des compartimens de portes, doit faire supposer que le bois fut la matière qu’on y employa.

Cicéron nous a appris quel cas on faisoit des portes d’or et d’ivoire du temple de Minerve à Syracuse : « Nulle part(dit-il), je puis l’affirmer, aucun temple n’eut, en or et en ivoire, des portes d’une plus grande magnificence ni d’une perfection plus grande. » Valvas magnificentiores ex auro atque ebore perfectiores nullas unquam ulli templo fuisse. « On ne sauroit dire combien les Grecs ont laissé d’écrits sur la beauté de ces portes. Il y avoit dessus, les sujets les plus habilement sculptés en or et ivoire. Verrès les fit tous enlever ; il en arracha une superbe tête de Gorgone avec sa chevelure en serpens, et pour montrer que le prix et la valeur de la matière le touchoient autant que le mérite de l’art, il n’hésita point à dépouiller ces portes de tous les clous d’or d’un grand poids qui s’y trouvoient en grand nombre. » Incredibile dictu est quam multi Graeci de harum valvarum pulchritudine soriptum reliquerint…… Ex ebore diligentissimè perfecto argumenta erant in valvis. Ea detrahenda curavit omnia. Gorgonis os pulcherrimum crinitum anguibus revellit atque abstulit, et tamen indicavit se non solùm artisicio, sed etiam pretio questuque duci. Nam bullas omnes aureas ex his valvis quœ erant multœ et graves, non dubitavit auserre, quarum iste non opere delectabatur sed pondere.

En lisant, dans Pausanias, la description des détails du temple de Jupiter à Olympie, on ne sait si l’on doit, d’après les mots υωερ των θυρων, placer au-dessus des portes du naos et de l’opisthodome, dans le mur même, ou sur les battans des portes, les bas-reliefs dont parle l’écrivain. Le doute résulte de la préposition υωιρ, qui veut dire aussi bien sur la porte, qu’au-dessus de la porte. Le dernier traducteur, par l’emploi en français de la préposition sur, donne à entendre qu’il croit ces sujets sculptés sur les battans même (qui au reste étoient de bronze, ainsi que le dit Pausanias, τας ζυρας τας χαλχας). Tous ces sujets représentoient les travaux d’Hercule.

L’usage des battans de porte ornés de sculptures en bas-reliefs, dut être fréquent dans l’antique. La description purement imaginaire que fait Virgile des portes sculptées par Dédale, comme beaucoup de descriptions d’ouvrages d’art, dont les poëtes enrichissent leurs récits, est la preuve que la pratique de ces travaux n’étoit pas rare, et l’on peut conclure encore des détails du poëte, que l’or entroit souvent dans l’exécution de ces sculptures. Dédale avoit aussi essayé de sculpter en or la chute de son fils Icare : Bis conatus erat casus essingere in auro.

C’est aussi en or et en ivoire qu’il figure, dans une autre description idéale, les bas-reliefs (ex auro solidoque elephanto) qu’il place sur les portes (in foribus) du temple de marbre qu’il veut élever à Auguste, sur les bords du Mincius.

Beaucoup de battans de portes ont été appelés de bronze, qui ne furent aussi qu’en métal plaqué sur un fond ou sur une ame de bois. Telle est celle qui est parvenue jusqu’à nous, et qui sert encore aujourd’hui de fermeture au Panthéon de Rome. L’usage des clous qui sont devenus depuis un simple motif d’ornement dans beaucoup de portes, indiqueroit peut-être la pratique originaire de ces revêtemens de métal, qu’on devoit fixer avec des rivés qui les identifioient au fond de bois.

Les portes de bronze du Panthéon sont dans toute la longueur de leurs montans, et dans la largeur de leurs traverses, remplies d’un très-grand nombre de têtes de clous, artistement travaillés en forme de culots, ou ce que l’on appelleroit culs-de-lampe, variés de trois manières différentes, et ornés de feuilles à un ou deux rangs. Du reste, chaque battant se compose de deux seuls panneaux lisses, et rien ne semble indiquer qu’autrefois on y ait appliqué aucun objet de décoration.

Nous n’aurions plus à citer d’ouvrages antiques de ce genre que d’après de simples mentions des écrivains, mentions dont le recueil ne serviroit qu’à confirmer ce qu’on a déjà dit du grand nombre de ces travaux, et à mieux faire sentir l’étendue des pertes que l’art a éprouvées.

Il nous faut, en fait de portes en bronze, arriver chez les Modernes aux onzième et douzième siècles.

Constantinople avoit conservé dans l’art de la fonte les traditions pratiques qui, à ce qu’il paroît, s’étoient perdues en Italie. Ce fut dans cette ville que Pantaléon, consul romain vers le milieu du onzième siècle, alla lui-même faire fondre les portes de la basilique de Saint-Paul à Rome. L’inscription qu’on y lit, apprend qu’elles furent

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