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POR POR
de la porte considérée dans ses battans et comme objet d’ornement et de décoration.

Les Romains avoient plus d’un mot pour exprimer ce que nous n’exprimons que par un seul, puisque nous usons, du mot porte pour signifier l’ouverture d’un local et ce qui sert à la fermer.

Le mot porta, dans le latin, si l’on en croit l’étymologie que lui donne un passage de Caton, se seroit appliqué surtout aux portes de ville. Lorsqu’on bâtissoit une ville, on en tracoit l’enceinte avec la charrue, et dans l’endroit où devoit être une entrée, on soulevoit la charrue et on la portoit. De-là le mot porta. Qui urbem novam condit…… ubi portam vull esse arartrum sustollat, et portam voct.

Est-ce là une de ces étymologies souvent fort arbitraires, qu’on trouve chez les grammairiens anciens ? C’est ce que nous ne déciderons point. Il est mieux démontré que le mot janua, comme synonyme de porte, tire son nom du dieu Janus, qui présidoit aux entrées des maisons. Le mot limen exprimoit ce que nous entendons dans les maisons par seuil de la porte. Il est à remarquer que ces différens mots se prennent au singulier, ce qui semble bien indiquer, qu’ils ne s’appliquoient qu’à la porte considérée comme ouverture et comme ouvrage de construction. Quant à celle que nous désignons par les mots battant de porte ou vantaux, nous trouvons dans le latin deux mots qui n’ont point de singulier, valvœ et fores. Il nous semble que ces mots qui ne pouvoient pas convenir au pluriel à la porte (ouvrage de construction), dûrent signifier exclusivement la porte, ouvrage mobile, composé fort souvent de deux parties ou de deux ventaux.

C’est sous ce dernier rapport que nous allons considérer la porte.

Les battans de porte, que la clôture se compose soit d’un, soit de deux ventaux, se sont faits et se font encore de plus d’une matière. Il paroît assez constant qu’il y eut dans l’antiquité de ces portes mobiles faites en marbre. Je trouve dans le Dictionnaire d’Antiquités, qu’on a trouvé dans quelques bâtisses d’Herculanum des portes dont les battans étoient tout entiers de marbre. On se figure difficilement que de semblables portes aient pu être usuelles, c’est-à-dire, employées dans les maisons, et qu’elles aient été d’une grande dimension. Mais nous en trouvons un exemple dans un dea plus beaux tombeaux antiques que Pausanias ait vus, et qu’il compare à celui de Mausole. « On voit, dit-il (Arcadiq., lib. 10, cap. 16), dans le pays des Hébreux, à Jérusalem, ville que l’empereur Adrien a détruite de fond en comble, le tombeau d’Hélène, femme du pays ; il est tout en marbre. On y a pratiqué une porte aussi de marbre, qui s’ouvre tous les ans, à pareil jour et à pareille heure. Elle s’ouvre par le seul effet d’une mécanique, et, après être restée peu de temps ouverte, elle se referme. Dans tout autre temps, on tenteroit vainement de l’ouvrir, on la briseroit plutôt. »

Mais le bois et le métal furent et seront toujours les deux matières propres à faire les portes mobiles.

On y emploie le bois par assemblage, et les montans sout ou arrasés, ou par compartimens. Rien à dire sur les portes arrasées, sinon qu’il faut y prendre encore plus de soin d’en bien assembler les joints, dont les désunions sur une surface lisse, seroient plus apparentes.

Les portes à compartimens en bois, sont susceptibles de tous les degrés et de tous les genres d’ornemens. Quelquefois ces ornemens ne consistent qu’en placages de bois précieux, appliqués sur les bois plus communs que la menuiserie emploie. Mais ces ornemens en bois de couleurs variées, comme l’acajou, le citronier, etc. ne peuvent guère être d’usage que dans les intérieurs des maisons et des appartemens.

Dans les portes de grande dimension, telles que celles qu’on appelle portes cochères, à l’extérieur des maisons, ou celles qui servent de clôture aux églises, les battans sont formés par de forts assemblages de bois de charpente, et l’on y pratique le plus souvent des panneaux de diverses figures, quelquefois avec de simples moulures, et quelquefois avec des listels taillés d’oves, de perles, de feuilles d’eau. Autant pour la propreté que pour la conservation même des bois, on les enduit de couleurs à l’huile, et dans toutes sortes de nuances.

Les portes en bois ont souvent offert à le sculpture, des champs propres à récevoir un plus grand luxe décoratif de bas-reliefs. Les exemples de semblables portes sont nombreux. On citera, en ce genre, au Vatican, certaines portes en bois à la galerie des Loges de Raphaël, et sculptées sur ses dessins, ou ceux de son école, par Jean Barile[illisible]. Le goût et le mérite d’exécution n’ont jamais été plus loin. Le Louvre, à Paris, a conservé des portes du même genre, sculptées en ornemens sur les dessins de Lebrun. Les battans de la porte principale de la cathédrale, dans la même ville, ont été refaits, en bois il y a un demi-siècle, sous la direction de M. Soufflot. Sur chacun de ces battans sont sculptées, dans la proportion de six pieds, en bas-relief, les figures dû Sauveur et de la Sainte-Vierge.

Les portes en bois ont si souvent besoin de l’enduit des couleurs, comme on l’a déjà dit, pour leur conservation, que la peinture dut aussi s’emparer des champs de ces compartimens, pour en faire l’objet des inventions décoratives qui peuvent leur convenir. Les idées légères et les sujets de l’arabesque, ont donc trouvé d’agréables places sur les panneaux des portes, et l’on ne seroit embarrassé que du choix des exemples de