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nes (voyez Portail), et l’usage des devantures de décoration en appliquage ayant prévalu dans les portails à plusieurs ordres, l’un au-dessus de l’autre, les portes cintrées, dont la forme exige plus de hauteur, y furent plus généralement employées. Dans certains pays, la nature des matériaux en favorisa l’emploi. Là où l’on ne trouve point à faire les linteaux d’un seul bloc de pierre, on doit avoir volontiers recours à la forme cintrée, c’est-à-dire, à la forme d’arcade.

Cette forme d’arcade rappelle naturellement celle des portiques, composés de piédroits, dont les massifs reçoivent des colonnes ou des pilastres, qui supportent ou un entablement courant ou des frontons. Et tel fut l’ajustement d’un très-grand nombre de portes dans les grands bâtimens modernes.

Les plus grands et les plus magnifiques palais en Italie nous offrent peu de luxe et de variété dans leurs portes. Le style simple et sévère de leur disposition extérieure, et l’habitude de faire dominer dans leurs façades les pleins sur les vides, nous expliquent pourquoi les entrées de ces édifices ne consistent le plus souvent que dans une arcade, dont quelquefois les refends ou les bossages viennent interrompre le chambranle, et dont le sommet n’a d’autre ornement qu’une clef très-saillante, tantôt fort simple, et tantôt taillée en console. Ainsi voyons-nous encore à Paris trois des portes du Louvre consister en une arcade ornée de fort peu de profils. Celle qui fait partie de là face antérieure où règne la colonnade, offre une porte à plate-bande inscrite dans un grand arc. Les portes du palais du Luxembourg, imitation du palais Pitti, à Florence, ne sont aussi que des arcades, dont les piédroits sont taillés en bossage.

Cependant le luxe des colonnes, des plates-bandes sculptées et des frontons, devint assez général dans la composition des portes de palais.

On en compte quelques-unes à Rome, qu’on cite en ce genre comme modèles de bon goût et de belle proportion.

A Paris, l’on doit dire que le plus grand nombre des portes d’hôtels un peu remaquables, a sa porte ornée de colonnes et quelquefois accouplées. Le luxe des portes de palais en est venu, dans le dernier siècle, au point qu’elles pourroient passer avec leurs accompagnemens pour être des monumens. On en a fait dont les piédroits recoivent des trophées, dont le dessus est orné de bas-reliefs. Quelques-unes, avec les colonnades qui les accompagnent, sembleroient être des portiques plutôt que des portes d’entrée.

Ce qui a contribué surtout à donner aux portes des palais, une ampleur d’ornement et d’architecture inusitée auparavant, ce fut l’usage de placer les corps d’habitation au fond d’une cour. Les portes ne firent plus dès-lors partie intégrante du palais proprement dit, et n’eurent plus le besoin de se soumettre à l’ordonnance générale de sa façade. L’architecte dut chercher par la composition de la porte, devenue celle de la cour, à donner une idée de l’importance de l’édifice placé en reculée, et hors de la vue du public.

Il est assez inutile de dire que les portes, dans les intérieurs, offrent et les mêmes formes et les mêmes degrés de décoration.

Dans les maisons ordinaires, les portes qui donnent entrée aux différentes pièces de leur distribution, ont une simple baie, ouverture quadrangulaire, percée dans les murs ou les cloisons, sans ornemens, chambranles, profils ou accompagnemens.

Les maisons d’un degré plus élevé, ont les portes de leurs appartemens revêtues de chambranles ou de bordures, avec plus ou moins de moulures faites soit en plâtre, soit le plus souvent en menuiserie, qui reçoit volontiers des couleurs ou simples ou en manière de marbres. L’usage est assez volontiers de pratiquer au-dessus un panneau avec ornemens, ou un tableau appelé dessus de porte.

Les palais, selon leur grandeur ou leur importance, présentent dans leurs vastes intérieurs, des portes qui peuvent égaler en richesses d’architecture, celles des extérieurs. a hauteur des étages et les grandes dimensions des pièces permettent d’y pratiquer des portes cintrées, et de leur appliquer le style et les proportions des portes attiques, ioniques ou doriques. Dans les grands palais, on voit lesportes, surtout des grandes pièces, des salles de réception ou des galeries, accompagnées ou de pilastres ou de colonnes, recevoir soit des frontons, soit des plates-bandes soutenues par des consoles ; et dans leurs couronnemens, des figures, des allégories, et des symboles divers en sculpture de bas-reliefs ou ronde-bosse.

Les revêtemens de marbre de toutes sortes de couleurs, contribuent souvent à la décoration de ces portes. Leurs jambages, leurs linteaux sont surtout les membres que la marbrerie est appelée à décorer, et ces espaces reçoivent encore sur leurs champs des accessoires en bronze doré, comme entrelas, enroulemens, etc.

On comprend que la décoration des baies, ou ouvertures de portes, dans les édifices, doit se trouver en accord avec celle des battans ou ventaux, destinés à ouvrir ou à clore ces ouvertures, et par conséquent à figurer aussi dans cet ensemble composé de deux parties, dont nous avons séparé les notions dans cet article, mais qui, selon l’usage de les considérer, forment un tout dont l’harmonie doit entrer dans les combinaisons de l’architecture. Les battans, comme on va le voir, reçoivent quelquefois une telle richesse de décoration, que le chambranle, qui en devient, si l’on peut dire, le cadre, ne sauroit sans inconvenance n’y point participer.