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cintrées par en haut, mais sans couronnement et sans encadrement.

On peut ranger dans la classe suivante les niches quadrangulaires dans leur renfoncement et leur fermeture, mais ornées de chambranles ou couronnées d’une plate-bande supportée par deux consoles, ainsi que celles dont les chambranles ornés de pilastres sont surmontés d’un fronton.

Dans la troisième classe on comprendra les niches demi-circulaires en plan, et arrondies dans leur fermeture, ornées de bandeaux, accompagnées de colonnes, et couronnées par des frontons angulaires ou circulaires.

Cette sorte de classification de niches, empruntée de la pratique reçue à l’égard des ornemens des fenêtres, comporte naturellement, comme toutes les parties de l’architecture, trois caractères qui, correspondant aux trois ordres, seront facilement mis en rapport avec les qualités qu’exigent le genre simple ou fort, le genre moyen ou élégant, le genre riche ou varié.

Les trois classes de niches qu’on vient de décrire devront donc trouver place dans les édifices, selon que le caractère de chacun de ceux-ci sera désigné par l’un ou l’autre des trois ordres dorique, ionique ou corinthien.

Dans tout ouvrage d’architecture, ou faisant partie de l’ensemble des édifices, la proportion est un élément principal du caractère qu’on doit lui donner. Ainsi il va sans le dire, que chacune des trois classes de niches déjà désignées, doit avoir une proportion, qui soit moralement en rapport avec la forme qu’on lui donne et la mesure d’ornement qui lui est affectée : on dit moralement, parce qu’au fond il appartient surtout au sentiment des convenances et au goût, de déterminer de semblables rapports.

Quelques architectes ont essayé en vain de les fixer dans leurs théories par des règles invariables. Selon eux, la règle générale seroit de donner à la hauteur des niches deux fois et demie leur largeur ; la règle particulière seroit de donner à la niche de la première classe vingt-huit parties ; à celle de la seconde, trente ; à cette de la troisième, trente-une, en prenant douze de ces parties pour la largeur du chaque niche. C’est ainsi qu’ils approprient aux proportions respectives des différentes niches, le système des proportions qu’ils appliquent aux ordres dans leurs traités d’architecture.

Toutes ces fixations proportions n’étant, à l’égard même des colonnes et des membres d’une ordonnance, que des espèces de termes moyens, établis dans les méthodes, pour servir de mesure approximative aux combinaisons de l’architecte, on comprend combien il seroit ridicule de prétendre assujettir les dimensions des niches à une échelle de proportions invariablement déterminées.

En effet, il n’y a peut-être point d’objets de


décoration en architecture qui doive être, plus que les niches, soumis aux conditions essentiellement variables, soit de l’emploi qu’on en fait lorsqu’on y place des statues, soit du lieu qu’elles doivent occuper, soit de la distance où elles se trouvent de la vue, soit des accessoires qui les environnent.

Beaucoup d’observations plus ou moins judicieuses ont été faites relativement à la pratique des niches et à leur emploi dans l’architecture ; et il faut dire qu’ici, comme sur d’autres points, des critiques beaucoup trop sévères se sont prévalus des abus que quelques-uns ont fait des niches pour en proscrire tout usage. On a soutenu que c’étoit une invention vicieuse, par cela que les niches ne devant être destinées qu’à recevoir des statues, ces statues enchâssées, si l’on peut dire, dans des renfoncemens, ne faisoient plus d’effet, et que l’œil ne pouvoit plus en embrasser les divers aspects. La chose est vraie, sans doute, et la critique auroit raison sur ce point, si toutes les statues étoient de nature à devoir être considérées de tous les côtés, et si on n’en faisoit pas tout exprès pour être enfermées dans des niches. Or, tout le monde sait que la sculpture a plus d’une manière de travailler les ouvrages, selon qu’ils figurent isolément, ou qu’ils sont destinés à servir d’ornement dans l’architecture. Condamner, pour une aussi futile raison, l’emploi des statues dans les niches, ce serait condamner l’architecture à se priver d’un de ses moyens de décoration les plus agréables et les plus utiles en même temps.

J. F. Blondel a pensé qu’on ne devoit pas pratiquer deux rangs de niches l’un sur l’autre, à moins qu’ils ne sussent séparés par la ligne d’un entablement qui annonce l’existence d’un plancher ; autrement, dit-il, la statue de la niche supérieure sembleroit avoir ses pieds posés sur la tête de la statue placée dans la niche inférieure. Il faut craindre, en architecture, autant l’absence que l’abus du raisonnement. Or, nous croyons que si la raison nous dit qu’il peut y avoir de l’inconvénient à trop multiplier les niches dans les murs ou les élévations d’un édifice, ce ne sera jamais par la considération de la position de la statue d’en haut, à l’égard de l’inférieure, que cette multiplicité blessera les yeux du spectateur.

On sera plus volontiers de l’avis de Blondel, dans les préceptes qu’il donne sur les rapports des statues avec les niches. Il s’oppose, avec raison, à ce que l’on fasse porter les pieds d’une statue sans plinthe sur la base de la niche. La plinthe effectivement est nécessaire au bon effet de toute figure en statue ; c’est sortir des conventions de la sculpture, et de l’art en général, que de prétendre à la vaine illusion qui sembleroit résulter de la privation des caractères matériels qui entrent dans les conditions de l’imitation. C’est faute de faire cette réflexion que des critiques se sont prononcés contre l’emploi des statues placées par


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