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due intérieure exige dans ses nefs une hauteur proportionnée.

Ce qu’on dit, au reste, des grandes églises, objet de la difficulté qu’on vient de faire remarquer, ne s’applique point aux églises d’une plus petite dimension. Si quelques exemples modernes ont déjà reproduit une imitation assez satisfaisante des formes de l’antiquité dans les frontispices de ses temples, il y a lieu de croire que les nouveaux édifices qui se projettent dans de modiques dimensions, enhardiront les architectes à se rapprocher encore plus du système d’unité, qui peut seul mettre l’élévation extérieure d’une église, d’accord avec l’ensemble de sa construction intérieure.

PORTE, s. f. Ce mot, en architecture et dans l’emploi que le langage en fait, exprime deux idées, deux objets qui toutefois se rapportent le plus souvent au même usage, celui d’entrée dans un lieu quelconque.

Sous un de ces rapports, la porte, de quelque forme qu’elle soit, est une ouverture pratiquée, n’importe dans quelle sorte de construction, pour servir d’entrée quelque part et aussi pour en sortir.

Sous l’autre rapport, la porte est un ouvrage mobile diversement établi, formé de toutes sortes de matières, et qui sert à fermer plus ou moins l’ouverture dont on vient de parler, soit par raison, de sureté, soit pour tout autre motif.

Considérée suivant la première acception, la porte appartient, selon le degré de son importance, ou à la simple bâtisse, ou à l’art de l’architecture.

Considérée selon la seconde acception, la porte est, en raison de la matière dont elle est formée, du travail qu’on y applique, des détails qu’elle reçoit, un ouvrage qui appartient à divers procédés mécaniques, et aussi au goût de l’ornement et de la décoration.

de la porte considérée comme ouvrage d’architecture.

La porte, comme simple objet de nécessité, soit au dehors, soit dans l’intérieur des constructions, ne sauroit comporter ni beaucoup de variétés, ni d’autres formes que celles dont la nature des choses donne l’indication. Naturellement la configuration et la stature de l’homme dûrent être les élémens primitifs, qui décidèrent de ce qui regarde la forme et les proportions des ouvertures pratiquées dans les habitations. Ainsi la forme carrée en hauteur, fut généralement celle que l’on adopta partout. Si quelques dessins des maisons chinoises nous présentent des portes dont les ouvertures consistent en un cercle parfait, nous ne regarderons cela que comme une de ces exceptions qui, loin de rien prouver contre la règle, prouvent seulement qu’en architecture il n’y a rien de fondé sur le principe du bon sens, qui ne puisse être contredit quelquefois par des faits contraires à la raison des convenances.

La forme quadrangulaire en hauteur fut encore un résultat naturel de l’emploi des matériaux dans les premières constructions, soit en bois, soit en pierre. L’emploi d’une pièce de bois posée horizontalement sur ce qu’on appelle les jambages d’une porte, fut le procédé le plus naturel de tous, et l’on voit encore dans de fort antiques constructions de murs en pierre, un bloc unique former, en manière de poutre, le linteau des portes.

Cependant, dès que la pratique des voûtes eut lieu, il fut également très-naturel de faire les portes cintrées dans le haut, et c’est entre les portes à linteau et les portes en cintre qu’a dû se partager l’usage on la pratique de l’architecture, selon la nature des édifices et des matériaux.

Les premières portes où l’art de bâtir dut être employé avec le luxe de la solidité, furent sans doute les portes de ville. Nous n’en trouvons guère de vestiges remarquables que dans l’Italie, et dans les restes de l’architecture romaine ; et nous voyons qu’elles faisoient partie des murailles et participoient au genre de leur fortification.

Sans doute, une des plus anciennes de ces portes est celle de Voltera, ville d’Etrurie. On la trouve figurée sur un bas-relief étrusque dont elle fait le fond. Le bas-relief représente un combat, et un guerrier est vu précipite et tombant du haut de cette porte qu’on reconnoît aux trois têtes, qui existent encore en relief conservées sur la porte elle-même. Une de ces fêtes fait la clef de la voûte, les deux autres ornent les deux jambages. La construction est en très-belle pierre de taille, et son cintre est formé de claveaux parfaitement joints. Le bas-relief nous apprend qu’elle étoit couronnée par une plate forme avec des créneaux. La profondeur actuelle de la porte peut donner la mesure de l’épaisseur du mur dans lequel elle se trouvoit enclavée.

Les enceintes de quelques villes, romaines ont conservé des portes du même genre, mais plus riches d’architecture. Ce que nous avons peut-être à citer de mieux, comme exemple de ces compositions, est la porte qu’on appelle d’Arroux, à Autun. (Voyez Autun, Augustodunum. ) Elle se compose de deux grandes arcades que deux plus petites accompagnoient. Au-dessus de ces arcades régné encore une galerie formée par huit ou dix petites arcades dont, les piédroits ont de petits pilastres corinthiens. Nous avons déjà remarqué que cette porte ressemble beaucoup à celle de Vérone, et que la preuve qu’elle n’étoit point un arc de triomphe, résulte des rainures ou coulisses pratiquées du haut en bas, dans lesquelles se haussoient et se baissoient les ventaux de la porte.

Ce qui distingue, en général, dans les restes de

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