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PON POR


il eut l’avantage de l’emporter et sur Palladio et sur Scamozzi, qui en avoient donné déjà les plus magnifiques projets. L’avantage paroît s’être réduit, dans le choix qu’on en fit, au mérite de l’économie, qui ne laisse pas d’en être un, quand on y joint, dans un pareil projet, la beauté, la commodité, et surtout la solidité.

Cette qualité étoit la principale chose dans un pont qui, jeté sur le grand canal, ne devoit offrir qu’une seule arche ; aussi l’ouvrage resta-t-il pendant quelque temps suspendu. Il s’étoit élevé des soupçons sur sa solidité ; mais l’examen qu’on fit du projet de l’architecte et des moyens de sa construction, rassura bientôt. Le tout fut terminé avec snccès, et cette musse est restée jusqu’ici inébranlable, tans que lu moindre désunion s’y soit jamais manifestée.

L’ouverture de ce pont est de soixante-six pieds, l’épaisseur de l’arc est de quatre pieds, et sa hauteur au-dessus du niveau de l’eau est de vingt-un pieds. Sa largeur est égale à son ouverture. Cette largeur se divise en cinq parties, c’est-à-dire en trois rues, avec deux rangs de boutiques sur chaque rue. La rue du milieu a vingt pieds de large ; les deux latérales ont chacune dix pieds. On y compte vingt-quatre boutiques. Au milieu du pont sont deux arcades qui joignent les boutiques, avec des frontispices ornés de colonnes doriques. Une corniche avec balustrade règne tout à l’entour du pont, dont toute la masse est construite en pierre d’lstrie.

Le dernier ouvrage de Giovanni da Ponte fut la construction des prisons qu’on transféra hors du palais ducal. L’édifice est un quadrilatère avec un portique en avant de sept arcades. Au-dessus s’élève un étage percé de sept grandes fenêtres avec frontons, et entremêlées de colonnes doriques. Une arcade joint la prison au palais, et cette arcade s’appelle il ponte de Sospiri. Toute cette construction offre une masse des plus solides, et qui, en ce genre, n’a peut-être point d’égale. Elle fut terminée après la mort de cet artiste par Contino son neveu.

On croit que ce nom da Ponte est un sobriquet qui lui resta pour avoir construit le célèbre pont de Rialto. Du reste, quoiqu’il ait vécu quatrevingt-huit ans, et qu’il eût beaucoup travaillé, sa fortune fut loin d’égaler ses travaux. Il paroît avoir été toujours pauvre et nécessiteux.

(Article extrait de Milizia.)

PONZIO (Flaminio). Cet architecte étoit de la Lombardie.

Il construisit pour la famille Borghèse, dans l’église de Sainte-Marie-Majeure, la chapelle Pauline, en pendant avec la chapelle Sixtine qui est vis-à-vis ; l’on trouve que si l’ouvrage nouveau l’emporta sur l’ancien, c’est en richesse de matières, en magnificence d’ornemens plutôt qu’en beauté réelle. La même église lui doit sa sacristie actuelle.

Au palais Quirinal (ou de Monte Cavallo), Ponzio construisit le grand escalier à deux lampes, qu’on y admire, quoiqu’on les trouve longues. L’une conduit à la salle royale et à la chapelle, l’autre aux appartemens. On ne sauroit encore y approuver le rétrécissement que leur font éprouver, dans leur milieu, les deux pilastres, qui soutiennent des arcades, et l’effet de ces pilastres sur les marches.

Ponzio commença la reconstruction de la basilique de Saint-Sébastien hors des murs, et la conduisit jusqu’à la corniche.

Mais le plus bel ouvrage de cet architecte, et celui qui mérite le plus d’éloges, sous le rapport spécial de bon goût et de pureté de style en fait d’architecture, est le palais Sciara Colonna, dans la rue du Cours à Rome. On y admire la belle division des étages d’appartemens, le judicieux et noble espacement des fenêtres, l’emploi raisonné des ornemèns et leur distribution simple à la fois et majestueuse. Nul abus dans les détails, partout unité et correction. Ponzio n’a employé ni corniche ni séparation entre les étages, nu seul bel entablement couronne cette masse. La grande porte est la seule chose qui s’y détache. Elle se compose de colonnes doriques cannelées, auxquelles on ne peut reprocher que d’avoir des piédestaux très-élevés.

Ponzio mourut sous le pontificat de Paul V, âgé de quarante-cinq ans.

(Article extrait de Milizia.)

PORCELAINE, s. f. Nous avons réservé de parler, dans cet article, de l’usage que l’on a fait, et que-l’on peut faire encore en architecture, c’est-à-dire, dans la décoration des édifiées, de la matière artificielle qu’on appelle faïence, et de celle à laquelle on a donné le nom de porcelaine.

La faïence n’est autre chose que de la terre cuite, recouverte d’une couche de vernis vitrifié, ou couverte ordinirement blanche, et parfois teinte de diverses couleurs.

La porcelaine se fait avec une terre beaucoup plus fine, et réduite, au moyeu du feu, à un état mitoyen entre le verre et la poterie, et dont la cassure est blanche.

L’origine de la faïence, qui a dû conduire à la découverte de la porcelaine, remonte à une très-haute antiquité. Les Egyptiens cohnoissoient l’art de recouvrir la terre cuite d’émaux colorés. On trouve beaucoup de petites idoles égyptiennes couvertes d’un émail souvent d’un beau bleu plus ou moins foncé, quelquefois d’un vert-clair, mais dont la pâte est intérieurement blanche comme celle de la plus belle porcelaine.

Il n’y n aucun doute que dès les temps les plus anciens, les procédés de la faïence et de la porcelaine furent connus et très-perfectionnés dans

Diction. d’Archit. Tome III
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