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« espaces du mur que les arbres paroîtront, à chaque pas que vous ferez, couvrir successivement. Tantôt vous verrez les arbres diviser les arcades en deux parties égales, un instant après les couper inégalement, ou les laisser entièrement à découvert, et ne cacher que leurs intervalles, Enfin, si vous vous approcher ou que vous vous éloigniez de ces arbres, le mur vous paroîtra monter jusqu’à la naissance de leurs branches, ou couper leurs troncs à des hauteurs très-différentes. Ainsi, quoique nous ayions supposé le mur décoré régulièrement, et les arbres également éloignés, la première des décorations semblera immobile, pendant que l’autre, au contraire, s’animant en quelque sorte par le mouvement du spectateur, lui présentera une succession de vues très-variées, qui résulteront de la combinaison infinie des objets simples qu’il aperçoit.
« Ces effets opposés qui résultent uniquement des différentes positions d’une rangée d’arbres, par rapport à un mur percé d’arcades, nous représentent le contraste frappant que nous avons voulu faire sentir, et qui seroit entre la décoration monotone produite par ces colonnes qui toucheroient à un mur décoré, el la riche variété qui résulteroit de celles qui formeroient péristyle. Qu’on suppose, en effet, dans le premier cas, les entre-colonnes ornés de niches, de figures, de bas-reliefs ; toute la richesse qu’on aura prodiguée dans celle décoration, ne changeant que très-peu à notre vue, malgré les efforts que nous ferons pour la considérer sous différens aspects, nous abandonnerons bientôt un spectacle où l’œil ayant tout vu dans un instant, cherche en vain de nouveaux objets qui satisfassent son activité. Dans le second, au contraire, la magnificence des plafonds, ajoutée à celle du fond du péristyle, se reproduira en quelque sorte à chaque instant : elle se présentera sous mille faces diverses aux yeux du spectateur, et lui offrira des points de vue toujours différens. »

Rien, ce semble, ne sauroit rendre un compte plus sensible de la supériorité de l’emploi des colonnes isolées, sur celui des pilastres, et mieux faire connoître l’abus qu’on en a fait, dans la plupart des frontispices. d’églises, dont la théorie précédente explique l’insignifiance et la monotonie.

DES DIFFÉRENS NOMS QU’ON DONNE AU PILASTRE.

Pilastre attique. C’est un petit pilastre d’une proportion particulière et plus courte qu’aucun de ceux des cinq ordres. II y a deux sortes de pilastres attiques ; il y en a de simples et de ravalés.

Pilastre bandé. Pilastre qui, à l’imitation des colonnes bandées ou à bossages, a des bandes sur son fût. Tels sont les pilastres toscans de la galerie du Louvre, du côté de la rivière.

Pilastre cannelé. Celui dont le fût est orné de cannelures.

Pilastre cintré. C’est celui dont le plan est curviligne, parce qu’il suit le contour d un mur circulaire, convexe ou concave. Tels sont les pilastres d’un dôme ou du rond-point d’une église.

Pilastre cornier ou angulaire. Pilastre qui cantonne l’angle ou l’encoignure d’un bâtiment, comme au frontispice du Louvre.

Pilastre coupé, se dit de celui qui est traversé par une imposte qui passe par-dessus, ce qui fait un mauvais effet. On en peut juger par les pilastres ioniques des portiques du château des Tuileries.

Pilastre dans l’angle. Pilastre qui ne présente qu’une encoignure, et qui n’a de saillie de chaque côté que lu sixième ou le septième de son diamètre.

Pilastre de rampe. On appelle ainsi tous les pilastres à hauteur d’appui, qui ont quelquefois des bases et des chapiteaux, et qui servent à retenir les travées des balustres, des rampes d’escaliers et des balcons.

Pilastre diminué. C’est un pilastre qui, étant derrière une colonne ou à côté d’elle, en répète le même contour et est diminué par le haut, pour empêcher qu’il n’excède l’à-plomb de l’entablement. On le voit ainsi au portail de Saint Gervais à Paris, et à celui du Collège Mazarin.

Pilastre doublé. Pilastre formé de deux pilastres entiers, qui se joignent à angle droit et rentrant ou à angle obtus, et qui ont leurs bases et leurs chapiteaux confondus.

Pilastre ébrasé. Pilastre plié en angle obtus, par sujétion d’un pan coupé, comme on le pratique aux églises qui ont un dôme sur leur croisée.

Pilastre engagé. On donne ce nom au pilastre qui, bien que placé derrière une colonne qui lui est adossée, n’en suit cependant pas le contour, mais qui est continu entre deux lignes parallèles, et dont la base et le chapiteau se confondent avec la base et le chapiteau de la colonne. Tels sont, par exemple, les pilastres des quatre chapelles d’encoignures de l’église des Invalides.

Pilastre en gaîne de terme. Pilastre qui est plus étroit par le bas que par le haut. Ce genre de pilastre s’emploie uniquement dans ce qu’on appelle décoration, comme au support d’une corniche de terrasse, de balcon, etc.

Pilastre flanqué. Pilastre accompagné de deux demi-pilastres, avec une médiocre saillie. Tels sont les pilastres corinthiens de l’église de Saint-André della Valle à Rome.

Pilastre grêle. Pilastre placé derrière une colonne, et qui est plus étroit qu’il ne devroit l’être, s’il étoit proportionné à cette colonne, parce qu’il n’a de largeur parallèle que le diamètre de la diminution de la colonne, pour éviter un ressaut

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