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dans sa masse, qui ne sauroit bien s’accorder qu’avec une certaine simplicité quant à la forme générale et à celle des détails. Des profils sages et suffisamment prononcés en font l’ornement nécessaire. A l’égard de sa décoration, la plus naturelle est celle des bas-reliefs dont ses faces seront ornées, et des inscriptions qu’on y gravera.

Piédestal considéré dans son rapport avec les colonnes.

Le piédestal considéré architectoniquement, tel qu’on l’emploie dans beaucoup de cas, comme partie d’un ordre de colonnes, est un corps carré, avec base et corniche, qui porte la colonne et lui sert de soubassement.

Généralement parlant, et en stricte théorie, le piédestal est une chose tout-à-fait indépendante de la colonne, surtout isolée : aussi ne cite-t-on pas beaucoup d’exemples d’ordonnances isolées dont les colonnes posent sur cette sorte de supplément de base, qui doit passer pour une superfétation. On ne sauroit nier que le besoin d’employer des colonnes de marbre trop courtes pour l’élévation à laquelle on les destina, n’ait pu faire excuser, et ne puisse justifier encore, dans quelques occasions, l’addition du piédestal sous des colonnes ainsi données.

La même sévérité ne sauroit avoir lieu lorsqu’il s’agit de ces ordonnances, dont les colonnes sont engagées dans les piédroits, ou adossées à des murs, surtout lorsqu’un soubassement continu, ou en manière d’appui, comme dans certaines galeries, rend nécessaire de le profiler en saillie sous les colonnes. D’autres convenances ont encore engagé à pratiquer des piédestaux sous les colonnes qui servent d’ornemens aux arcs de triomphe. Ces monumens, comme on le sait, participent plus ou moins de la forme et du caractère des portiques en arcades et en piédroits. Les colonnes y sont plus de décoration que de nécessité, et les champs des piédestaux offroient à la sculpture des champs très-favourables aux figures qu’on y représentoit.

Une multitude de monumens et de grandes constructions à plusieurs étages de portiques, de piédroits et de colonnes engagées, tels que les théâtres, les cirques, les amphithéàtres, rendirent très-commun l’usage des piédestaux sous les colonnes, et les Modernes en ont usé dans presque tous leurs édifiées, dans l’intérieur des églises, dans leurs frontispices, dans les façades des palais, dans les galeries de leurs cours, etc.

En subordonnant ainsi à chaque ordre de colonnes un piédestal, il fut naturel d’en coordonner la proportion et les profils au caractère de l’ordre. Les Anciens l’avoient fait. Les Modernes, dans leurs traités, ont constamment réuni la règle des mesures et des profils propres de chaque ordre, à celle des mesures et des profils qui conviennent à son piédestal. Le piédestal, dans leurs théories, est devenu sinon une partie nécessaire, du moins l’accessoire obligé de l’ordre ; et comme presque toutes ces théories font partie des exemples de l’architecture des Romains, qui semblent avoir admis plus de variétés d’ordres que les Grecs, on s’est étudié a établir entre ce qu’on a appelé les cinq ordres, une progression de proportions et d’ornemens, qu’on a dû naturellement appliquer aux cinq genres de piédestaux, toscan, dorique, ionique, corinthien et composite. C’est pour nous conformer à l’usage des méthodes reçues dans les écoles, que nous allons rapporter les règles sur lesquelles elle s’accordent à cet égard.

Piédestal toscan. Ce piédestal est le plus simple de tous ; il n’a qu’une plinthe et un astragale, ou un talon couronné pour sa corniche. Le cavet de cette corniche a un cinquième et demi du petit module, et le cavet de la basa en a deux, à prendre du piédestal même. La base et la corniche out l’une et l’autre les moulures du piédestal corinthien dans la colonne Trajane. Le piédestal de Palladio n’a qu’une espèce de socle carré, sans base et sans corniche. Celui qu’on a le plus souvent adopté en France, d’après Scamozzi, tient un milieu entre les deux excès.

Piédestal dorique. Ce piédestal a des moulures, un cavet et un larmier dans sa corniche. Il est un peu plus haut que le piédestal toscan. Telle est sa proportion. On partage le tiers de toute sa base eu sept parties, dont on donne quatre au tore qui est sur le socle, et trois au cavet. La saillie du tore est celle de toute la base, et celle du cavet a deux cinquièmes du petit module au-delà du nu du dé. A l’égard de la corniche, elle a un cavet avec son filet au-dessus, et ce filet soutient un larmier couronné d’un filet. Pour proportionner ces membres, on les partage en six parties, dont cinq sont pour le larmier, et la sixième pour son filet. Un cinquième et demi du petit module au-delà du nu du dé, forme la sallie du cavet avec son filet. On en donne trois cinquièmes au larmier, et trois et demi à son filet. Selon Vignole, Serlio et Perrault, ces membres forment le caractère du piédestal dorique. Scamozzi y met un filet entre le tore et le filet du cavet, et Palladio y ajoute une doucine.

Piédestal ionique. On donne à ce piédestal orné de moulures presqu’en tout semblables a telles du piédestal dorique, deux diamètres de haut et denx tiers ou environ. Sa base a le quart de toute la hauteur ; la corniche a le demi-quart, & les moulures de la base ont le tiers de toute la base. La proportion de ces moulures se règle, en divisant le tiers de la base en huit parties, qu’on divise ainsi : quatre à la doucine et une à son filet, deux au cavet et une à son filet. La saillie de ce dernier membre est du cinquième du petit module, celle du filet de la doucine de trois ; reste la corniche dont les parties sont un cavet avec son filet au-dessous, et un larmier couronné d’un talon, avec

Diction. d’Archit. Tome III
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