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dont l’enlèvement n’a pourtant apporté aucun dérangement aux assises de pierre, ni altéré leur jonction. Elles sont si bien unies entr’elles, qu’on a quelque peine à en apercevoir les joints, et l’on ne pourroit pas y introduire la lame la plus mince.

La place occidentale, qui s’offre aux yeux la première, s’élève de vingt-deux pieds au-dessus de la plaine, où étoit bâtie la ville ; elle a près de 600 pas communs (c’est-à-dire, de 22 à 23 pouces) de longueur. Celles qui regardent le midi et le nord, et qui sont inégales, ont à peu près 390 pas. Toutes les pierres ont 8, 9 et 10 pas de longueur, sur 6 de largeur. Un seul escalier, formé de deux rampes et placé vers une des extrémités de l’esplanade, conduisoit en haut. Ces marches ont 27 pieds de longueur, sur 14 pouces de profondeur et 4 de hauteur. Les pierres dont ces degrés sont formés, sont d’une telle épaisseur, que souvent dans une seule on a taillé un nombre de marches équivalent à, la hauteur totale de l’escalier. Les chevaux et les chameaux chargés y montent facilement.

Lorsqu’on est arrivé sur l’esplanade par le grand escalier, on aperçoit, à 42 pieds de distance du bord, deux grandes portes séparées par deux colonnes debout. Ces portes ont 22 pieds de profondeur, 13 de largeur, et la première a d’élévation 39 pieds, la seconde 29.

A la hauteur de 4 pieds 8 pouces du sol, sont sculptés, sur les montans des portes, des animaux dont les uns ressemblent à des chevaux caparaçonnés ; les deux autres sont ailés, et leur tête humaine et barbue est couverte de la coissure persanne. Leurs corps sont taillés de bas-relief dans le mur ; mais leurs têtes et leurs pieds de devant sont détachés du fond, et sont entièrement de ronde bosse. Les deux colonnes dont on a parlé, sont les mieux conservées de toutes celles qu’on voit à Persepolis.

Quand on a passé ce premier assemblage de ruines, on arrive au second, qui est placé à la droite de ces portes, a 172 pieds de distance, et sur un terrain plus élevé d’une toise et demie. On juge que ce local a formé autrefois une des plus nobles parties de tout le palais. Le mur qui en soutient le sol est de marbre sculpté dans une très-grande partie. On y monte par un escalier semblable à celui dont a parlé, mais plus petit. Les murs d’appui de cet escalier sont ornés d’inscriptions et de bas-reliefs représentant une longue suite de figures humaines. Les bases de trente-six colonnes occupent, avec quelques débris d’un autre édifice, ce vaste emplacement pavé en pierres de 28 pieds de longueur. Du grand nombre de colonnes qui existoient en cet endroit, dix-sept seulement sont debout, et quelques-unes de celles-ci, en trèspetit nombre, ont conservé leurs chapiteaux. Les restes de ces chapiteaux offrent des figures de chameaux accroupis. Ces colonnes ont toutes de 70 à 72 pieds de hauteur. Elles sont composées les unes de trois, les autres de quatre assises ; plusieurs assises entrent aussi dans la formation du chapiteau.

Non loin de là, se voient les débris de trois portes, et les bases de quelques colonnes. Ces portes ont 24 pieds d’élévation. Elles sont chargées de bas-reliefs, dont les figures de 2 pieds de haut, ont toutes les bras élevés, comme pour supporter les bas-reliefs sculptés au-dessus.

Entre les colonnes et la montagne, on trouve un espace carré de 85 pas de largeur, renfermé par des débris de portes, de murailles et de fenêtres. Quelques bases restées dans le milieu ont servi à porter des colonnes, sur lesquelles étoient des plafonds. Les portes ont 5 toises de hauteur et sont formées de huit pierres seulement, et quelquefois d’un moindre nombre : les jambages sont chargés de bas-reliefs très-riches.

Au-dessus et à côté de la colonnade s’élève un édifice, que sa position fait reconnoître pour le bâtiment principal. Il est divisé en plusieurs parties, et l’on n’en voit plus que les portes et les fenêtres. Celles-ci sont toutes taillées d’une seule pierre, et sont ornées d’inscriptions et de diverses matières. Ou y voit des restes d’aqueducs et des canaux souterrains qui, suivant Corneille Bruyn, n’ont pu servir qu’à la conduite des eaux. La partie méridionale de l’esplanade présente deux autres édifices absolument semblables pour la construction et la décoration, à ceux qu’on vient de décrire ; mais ils sont plus endommagés.

La montagne elle-même offre au spectateur des restes de tombeaux et des bas-reliefs semblables à, ceux de Naxi-Rustan, autre montagne située à deux lieues de Persepolis, et où il paroit qu’étoient situés les hypogées de cette grande ville.

Tous ces rochers sont taillés et offrent un grand nombre de salles remplies, les unes de tombes et d’urnes sépulcrales, les autres, de niches. Un de ces tombeaux a sa façade ornée de quatre colonnes qui soutiennent un vaste entablement, sur lequel est sculpté une espèce d’autel, orné de deux rangs de figures, dont les bras élevés supportent les profils. Une porte feinte est placée entre les colonnes. On en a ouvert une partie qui donne entrée dans les tombeaux, à ceux qui s’y laissent descendre avec des cordes.

On trouve à Naxi-Rustan des bas-reliefs qui indiquent un goût différent de celui des Perses, et qu’on croit être celui des Parthes, auxquels la Perse fut soumise du temps des premiers Césars. Ces bas-reliefs représentent des combats singuliers, et les héros sont montés sur des chevaux. Cet animal ne se trouve point sur les bas-reliefs de Persepolis, ni sur les monumens de l’Egypte.

Si l’on considère attentivement les ruines de Persepolis, on ne sauroit leur refuser une admiration que les restes de l’Egypte ne diminuent point. Elles offrent encore les débris de plus de