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LA CONQUÊTE DE PLASSANS.

vait la tête comme pour voir au loin, jusqu’au fond de la petite ville endormie. Les grands arbres du jardin de la sous-préfecture faisaient une masse sombre, les poiriers de M. Rastoil allongeaient des membres maigres et tordus ; puis, ce n’était plus qu’une mer de ténèbres, un néant, dont pas un bruit ne montait. La ville avait une innocence de fille au berceau.

L’abbé Faujas tendit les bras d’un air de défi ironique, comme s’il voulait prendre Plassans pour l’étouffer d’un effort contre sa poitrine robuste. Il murmura :

— Et ces imbéciles qui souriaient, ce soir, en me voyant traverser leurs rues !