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CHAPITRE IV


Dunstan Cass, se mettant en route par une matinée froide et humide, au pas tranquille et judicieux d’un chasseur obligé de se rendre à cheval au lancé, devait suivre le chemin qui, tout à son extrémité, passait près du terrain sans clôture appelé la Carrière, où se trouvait la maisonnette — autrefois la cabane d’un tailleur de pierre — que Silas Marner habitait depuis quinze ans. Le lieu semblait très triste en cette saison, avec l’argile mouillée et battue dont il était environné, et l’eau boueuse et rougeâtre qui avait atteint un niveau élevé dans la carrière abandonnée. Ce fut la première pensée de Dunstan en s’approchant de l’endroit. Il se souvint ensuite que le vieux sot de tisserand, dont il entendait déjà se mouvoir le métier, avait beaucoup d’argent de caché quelque part. Comment se faisait-il que lui, Dunstan Cass, qui avait souvent entendu parler de l’avarice de Marner, n’eût jamais pensé à suggérer à Godfrey d’amener le vieux bonhomme, soit en l’effrayant, soit en le gagnant par la douceur, à prêter son argent sur l’excellente garantie des espérances du jeune squire ? Cette ressource se présentait maintenant à lui comme très facile et très agréable à réaliser. Il songeait surtout que, suivant les probabilités, le trésor de Marner devait être assez important pour