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CHAPITRE III


Le personnage le plus important de Raveloe était le squire Cass, qui demeurait dans une grande maison rouge ayant un joli perron sur le devant et de hautes écuries derrière, presque en face de l’église. Il se trouvait d’autres propriétaires fonciers que lui dans la paroisse, mais il était seul honoré du titre de squire ; car, bien que la famille de M. Osgood fût considérée aussi comme ayant une origine immémoriale, — l’imagination des habitants de Raveloe ne s’étant jamais aventurée à remonter jusqu’à ce vide effrayant où les Osgood n’existaient pas, — cependant, il ne faisait que posséder la ferme qu’il occupait, tandis que le squire Cass avait un tenancier ou deux qui se plaignaient à lui des dégâts du gibier, comme s’il eut été un seigneur[1].

On était encore dans cette période glorieuse de guerre, considérée comme une faveur spéciale accordée par la Providence aux propriétaires fonciers. Alors, les prix des denrées n’avaient point encore baissé de façon à précipiter la race des petits squires et des francs tenanciers sur le chemin de la

  1. Allusion au droit de chasse qu’avait le seigneur sur ses terres, même après les avoir louées, et à l’interdiction faite au tenancier de détruire le gibier. (N. du Tr.)