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autre révérence ; — « je ne pourrais pas abandonner les gens avec qui je me suis habituée à vivre. »

La lèvre d’Eppie se mit à trembler un peu à ces dernières paroles. Elle se retira de nouveau près de la chaise de son père, et lui passa le bras autour du cou, pendant que Silas, réprimant un sanglot, tendait la main pour saisir celle de sa fille.

Nancy avait les larmes aux yeux, mais sa sympathie pour Eppie se trouvait naturellement mélangée avec la détresse qu’elle éprouvait au sujet de son mari. Elle n’osa pas parler, se demandant ce qui se passait dans l’esprit de Godfrey.

Celui-ci ressentait cette sorte d’irritation qui se manifeste inévitablement presque chez nous tous, lorsque nous rencontrons un obstacle imprévu. Il avait été pénétré du repentir et de la résolution nécessaires pour réparer sa faute, autant que le temps devait le lui permettre. Il était mû par des sentiments tout à fait exceptionnels, qui devaient aboutir à une règle de conduite déterminée d’avance, et qu’il avait choisie comme étant la plus juste ; aussi, n’était-il pas disposé à apprécier avec gaieté les sentiments d’autrui, lorsqu’ils contrecarraient ses résolutions vertueuses. L’agitation sous l’inspiration de laquelle il parla de nouveau, ne fut pas sans un mélange de colère.

« Mais j’ai un droit sur vous, Eppie, le plus grand de tous les droits. Il est de mon devoir, Marner, de reconnaître Eppie comme mon enfant et de la pour-