Page:Eliot - Silas Marner.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce garçon de bonne mine, vêtu d’un costume neuf de futaine et qui marche derrière elle, n’est pas tout à fait fixé sur la question des cheveux en général, quand Eppie la lui pose. Il pense peut-être que les cheveux lisses sont préférables, somme toute. Mais il ne désire pas que ceux d’Eppie soient différents. Elle devine assurément que quelqu’un s’avance derrière eux, — quelqu’un qui pense à elle d’une façon toute particulière, et qui prend son courage à deux mains pour venir à son côté, aussitôt qu’ils vont être entrés dans la ruelle. Autrement, pourquoi paraîtrait-elle un peu timide, et prendrait-elle garde de ne pas détourner la tête, pendant qu’elle murmure à son père Silas de petites phrases, concernant ceux qui étaient à l’église et ceux qui n’y étaient pas, et la beauté du frêne rouge des montagnes, au-dessus du mur du presbytère ?

« Je voudrais bien que nous aussi, nous eussions un petit jardin, papa, avec des pâquerettes doubles dedans, comme celui de Mme Winthrop, dit Eppie, lorsqu’ils furent entrés dans la ruelle. Seulement, on dit que cela demanderait beaucoup de peine — pour bêcher et rapporter de la nouvelle terre,… et vous ne pourriez pas le faire, dites, petit papa ? Dans tous les cas, je n’aimerais pas que vous le fissiez, car ce serait un travail trop dur pour vous.

— Mais non, mon enfant. Si vous désirez un bout de jardin, je pourrais, pendant ces longues soirées, me mettre à enclore un petit coin de terrain inculte,