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la Bible ouverte. De tels dialogues ont occupé maint couple de tisserands au pâle visage, dont les âmes incultes[1] ressemblaient à de petites créatures nouvellement ailées, voletant abandonnées dans le crépuscule.

Il avait semblé au confiant Silas que cette amitié n’avait point été refroidie, même après qu’une nouvelle affection, d’une nature plus intime, était née dans son cœur. Depuis quelques mois, il était fiancé à une jeune servante, et tous deux n’attendaient, pour se marier, que le moment où leurs économies seraient un peu plus grandes. Silas éprouvait un vif plaisir que Sara ne fit aucune objection à la présence accidentelle de William pendant leurs entrevues du dimanche. Ce fut à cette époque de leur histoire que l’attaque de catalepsie de Silas eut lieu pendant la réunion pieuse. Parmi les questions et les marques d’intérêt variées que les membres de la congrégation lui adressèrent ou lui exprimèrent, il n’y eut que l’opinion suggérée par William qui fut en désaccord avec la sympathie générale témoignée à un frère ainsi élu pour un ministère particulier. Il fit observer, qu’à son avis, cette extase ressemblait plutôt à une manifestation de Satan qu’à une preuve de la faveur divine, et il exhorta son ami à rechercher s’il ne cachait rien de maudit dans son cœur[2]. Silas,

  1. Le Livre de la Sagesse, XVII, 1.
  2. Texte : no accursed thing within his soul. — Accursed thing, chose maudite, condamnable, exécrable. Expression biblique que Ostervald traduit par interdit. — Voy. Josué, VI, 18 ; VII, 1, 11, 13, 15 ; et XXII, 20. (N. du Tr.)