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connaissait, et vers lequel il s’était dirigé après avoir abandonné Éclair. Il le voyait vivant aux crochets de connaissances de rencontre, et songeant à revenir à la maison pour s’amuser à tourmenter son frère aine comme autrefois. Lors même qu’un esprit de Raveloe aurait rapproché les deux faits ci-dessus, je doute qu’une combinaison aussi injurieuse pour l’honorabilité héréditaire d’une famille ayant un monument mural dans l’église et des gobelets d’argent vénérables, ne fût pas restée secrète à cause de sa tendance malsaine. Mais les puddings[1] de Noël, la chair de porc bouillie et épicée et l’abondance des liqueurs spiritueuses, jettent l’originalité de l’esprit dans la voie du cauchemar, et sont de grands préservatifs contre la dangereuse spontanéité de l’activité de la pensée.

Quand on parla du vol à l’auberge de l’Arc-en-Ciel et ailleurs, dans la bonne société, la balance continua à osciller entre l’explication rationnelle basée sur la boite à amadou, et la théorie d’un mystère impénétrable qui tournait les recherches en ridicule. Les partisans de la croyance à la boîte à amadou et à un colporteur, considéraient leurs adversaires comme une collection de gens crédules au cerveau troublé, qui, ayant personnellement l’œil vairon[2], supposaient que tout le monde n’y voyait

  1. On désigne sous ce nom diverses espèces de gâteaux : anglais, généralement composés de graisse, de farine, d’œufs, de lait, et souvent de raisins de Corinthe. (N. du Tr.)
  2. Ces villageois s’imaginaient, à tort, qu’une personne qui a l’œil vairon voit tout en blanc. (N. du Tr.)