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probable qu’il arrivera ; aussi, lorsqu’il entendit un cheval s’approcher au trot, et vit un chapeau s’élever au-dessus de la haie au delà d’un coude de la ruelle, il lui sembla que sa conjuration avait réussi. Cependant, l’animal ne fut pas plutôt en vue que son cœur se serra de nouveau, car ce n’était pas Éclair. Et quelques moments après il s’aperçut que le cavalier n’était pas Dunstan, mais Bryce, qui arrêta sa monture pour causer avec lui. La physionomie de celui-ci n’annonçait rien de bon.

« Eh bien, monsieur Godfrey, vous avez là un frère qui a de la chance, ce maître Dunsey, n’est-ce pas ?

— Que voulez-vous dire ? fit Godfrey vivement.

— Comment, n’est-il pas encore revenu à la maison ? reprit Bryce.

— À la maison ? Non. Qu’est-il arrivé ? Parlez vite. Qu’a-t-il fait de mon cheval ?

— Ah ! je pensais bien que c’était à vous, bien qu’il prétendît que vous le lui aviez cédé.

— L’a-t-il abattu et couronné ? dit Godfrey, rouge de colère.

— Pire que cela, dit Bryce. Voyez-vous, j’étais convenu avec lui d’acheter la bête moyennant cent vingt livres sterling, — somme folle, mais j’ai toujours aimé ce cheval. Et ne s’en va-t-il pas l’empaler, — s’élancer sur une haie où se trouvaient des pieux, au sommet d’un talus ayant un fossé sur le devant ! Il y avait longtemps que le cheval était