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— Ne plaisantez pas, je vous en prie, Mary, dit Fred avec force. Dites-moi sérieusement que tout cela est vrai et que vous êtes heureuse qu’il en soit ainsi, heureuse parce que vous m’aimez mieux que nul autre.

— Tout cela est vrai, Fred, et je suis heureuse qu’il en soit ainsi, heureuse parce que je vous aime mieux que nul autre, répéta Mary d’un accent d’obéissance.

Ils s’attardèrent sur le seuil de la porte sous le porche abrité par le grand toit, et Fred presque dans un murmure lui dit :

— Quand nous nous sommes fiancés pour la première fois avec l’anneau de parasol, Mary, vous aviez coutume de…

L’esprit de la joie se mit à rire plus franchement dans les yeux de Mary, mais le fatal Ben arriva en courant à la porte avec Brownie jappant derrière lui, et l’enfant bondissant autour d’eux leur cria :

— Fred et Mary ! Vous n’allez donc jamais entrer, ou puis-je manger votre part de gâteau ?



CONCLUSION


Toute limite est un commencement aussi bien qu’une fin. Pourrait-on quitter de jeunes vies qu’on a longtemps suivies de près, sans désirer savoir quels furent leurs destins ? Un fragment de vie, quoi qu’il représente, n’est pas comme l’échantillon d’un tissu tout uni : promesses souvent non réalisées, début brillant suivi parfois d’un rapide déclin, forces latentes qui trouvent l’occasion d’agir longtemps attendue, erreur passée qui devient l’origine d’une réparation éclatante… Le mariage qui a été la limite de tant de récits