Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

née des gens ici présents. Nulle autre âme que la sienne ne savait ce qui s’était passé dans cette dernière nuit.

— Le testament que je tiens en main, comment M. Standish, qui, assis à une table au milieu de la chambre, prenait son temps pour tout, a été dressé par moi et dicté par notre défunt ami, le 9 août 1825. Mais j’ai découvert qu’il existait un testament postérieur, jusque-là ignoré de moi, portant la date du 20 juin 1826, rédigé à peine un an plus tard que le précédent. Et il y a plus loin, à ce que je vois, — M. Standish parcourait attentivement l’acte avec ses lunettes — un codicille à ce dernier testament, portant la date du 1er mars 1828.

— Seigneur ! Seigneur ! gémit la sœur Marthe, sous cette accumulation de dates.

— Je commencerai par lire le premier testament, poursuivit M. Standish. Telle était sans doute l’intention du défunt, puisqu’il n’a pas détruit ce document.

Ce préambule parut un peu long ; Salomon et quelques autres de l’assistance secouaient la tête et regardaient le plancher : tous les yeux évitant d’en rencontrer d’autres et prenant pour point de mire les taches de la nappe ou le crâne chauve de M. Standish ; ceux de Mary faisaient seuls exception. Pendant que tous ces gens s’efforçaient de ne rien regarder, elle pouvait en toute sécurité les regarder eux-mêmes, et, au prononcé du premier « Je donne et lègue », elle put voir une altération dans la couleur et l’expression de tous les visages ; comme si quelque sourde vibration les traversait, excepté pourtant celui de M. Rigg. Il était assis à sa place dans lui calme inaltérable, et le fait est que l’assemblée, préoccupée de problèmes plus importants et de la difficulté de distinguer les legs qui pourraient être ou ne pas être révoqués, avait cessé de songer à lui. Fred rougit et M. Vincy eut plus que jamais besoin de sa tabatière.