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Pleine de sourds effrois la nuit silencieuse
Pesant comme un cercueil sur le front d’un vivant,
Enténébrait d’ennui votre âme soucieuse
Dans la vieille forêt que tourmentait le vent.

Vous alliez, vous alliez, et les branches séchées
Craquaient sous votre pas dans les sentiers perdus,
Et des chênes moussus les feuilles détachées
Tournaient autour de vous en essaims éperdus.

Bientôt vous arriviez au bord d’une clairière
Solitaire et sauvage où la lune dormait ;
Où parmi les cailloux d’une ancienne carrière
Un orme rabougri, rongé jusqu’au sommet,

Penchait sur le sol nu ses branches dépouillées ;
L’arbre était jeune, mais la sève avait tari,
La mousse verdissait sur ses hanches rouillées,
Et les vers habitaient son tronc noir et pourri.