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Épèlent avec nous dans l’immensité sombre
Ce mot resplendissant que nul œil n’a rêvé,
Mais il reste toujours dans notre flot qui sombre,
Sur nos lèvres jamais il ne s’est achevé.


Car ce mot échappé d’une bouche mortelle
Ébranlerait soudain l’univers confondu,
Et comme un fer bouillant que le forgeur martelle,
Les deux s’aplatiraient sur le monde éperdu.


Et Jéhovah debout dans ce désordre immense,
Devrait dans le chaos repétrir l’univers,
Créer un nouveau rhythme aux sphères en démence,
Et de son doigt puissant clore les cieux ouverts.


Par un pouvoir fatal nos lèvres enchaînées
Palpitent sous ce mot qui contient l’avenir ;
Depuis les jours lointains où nos vagues sont nées,
Nous l’épelons toujours sans jamais le finir.