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voir eue jusque-là. De toutes parts s’étend et fonctionne le Bakoufou, ou « gouvernement de derrière le rideau », comme l’opinion l’avait dénommé satyriquement, en ce sens qu’une draperie séparait la tente du général en chef du reste du camp. Dès lors, il agit directement au nom du Mikado et soustrait tous ses actes au veto impérial.

Bref, Yoritomo inaugure nominalement la période Hassei, c’est-à-dire l’effacement même de l’Empereur au profit des Shogouns. Toutefois, le Shogounat proprement dit ne constituera un régime dynastique incontesté qu’à partir d’un de ses successeurs, le continuateur de son œuvre à tous les points de vue.

En attendant, l’usurpation est déjà complète. Elle agit et pense pour son propre compte, tout en laissant subsister pour la forme un monarque idéal sur le trône des Kamis. Peu à peu, la cour de Kioto est devenue ce qu’elle restera pendant sept siècles consécutifs, soit un centre oisif de courtisans et de beaux esprits, complètement nul dans la gestion des affaires.

À l’antique capitale des Mikados, le puissant Shogoun a opposé sa propre résidence, l’active et vigilante Kamakoura, promue au rang de capitale politique et défendue par des fortifications inexpugnables.

S’il gratifie l’Empereur d’une couple de visites fastueuses, pendant lesquelles sa suite affectera d’écraser par un luxe de fraîche date le vieil apparat des Koughés, il se fait universellement prêter serment de vas-