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Gérard avait naturellement été avisé l’un des premiers du prochain mariage de Mlle Laure Harmel avec M. Albert Duchemin.

En apprenant le nom de son rival plus heureux, il avait d’abord eu la pensée de le provoquer. Mais il avait ensuite réfléchi qu’il jouerait un rôle ridicule. Cet homme, après tout, ne lui devait aucune réparation.

Il enrageait cependant à la pensée que ce viveur allait devenir l’époux de Laure.

Et il enrageait d’autant plus qu’il avait la conviction que la jeune fille était devenue la maîtresse de celui qu’elle allait épouser.

Certainement, la même scène, dans laquelle il avait été si bien berné, avait dû se dérouler avec Duchemin qui n’avait cédé, lui, à aucun scrupule, pour posséder cette vierge sensuelle, mais ignorante.

Et il se prenait à insulter Laure.

— C’est une folle ! disait-il. Elle a un tempérament de prostituée. D’ailleurs, toutes les femmes sont semblables ; elles se cachent plus ou moins de nous, voilà tout. Mais elles sont toutes esclaves de leurs sens.

Et il en concluait :

— Elles ne méritent pas d’être traitées autrement que de jolis jouets dont on s’amuse, des bêtes à plaisir !

Même sa fiancée ne trouvait pas grâce devant lui.

La pauvre petite n’y comprenait rien. Gérard, qu’elle croyait très amoureux d’elle, avait de temps à autre des mots brusques à son adresse, il la regardait étrangement et elle se sentait mal à l’aise lorsque les yeux du jeune homme se fixaient sur elle avec cette expression étrange.

C’est qu’à ce moment, Gérard pensait à Laure, il identifiait celle-ci avec Éliane et se disait : « Peut-être que cette enfant,