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— Pardonnez-moi, dit-il, mais vos étranges paroles m’avaient rendu fou ! Maintenant, voyez, je vous laisse, je ne vous demanderai plus rien de pareil, que le soir où vous serez ma femme aux yeux de tous.

Dégagée de l’étreinte, elle s’était relevée lentement.

— Laissez-moi quelques instants, dit-elle, mettre de l’ordre dans ma toilette et je vous rejoins.

Il mendia, souriant :

— Puis-je vous demander la faveur d’un baiser, d’un baiser librement donné, maintenant que vous êtes ma fiancée ?

Elle s’approcha de lui et leva vers sa bouche son visage qu’il prit dans ses mains.

— Ma Laure chérie, dit-il, je t’aime.

— Moi aussi, Gérard.

Tout heureux il la laissa et passa dans la pièce à côté.

Quelques minutes après, elle venait le rejoindre.

— Me voici, dit-elle.

— Ma chérie…

Mais elle le regardait et il fut surpris de l’expression nouvelle qu’il lui voyait.

Ce n’était plus l’amante suppliante de l’instant d’auparavant. Elle affectait, au contraire, une allure hautaine et distante, et elle dit :

— Cher monsieur, si vous êtes un galant homme, vous oublierez ce qui s’est passé tout à l’heure entre nous, et jamais plus vous ne m’adresserez la parole… Vous comprendrez qu’après la façon dont vous vous êtes conduit et l’insulte que vous m’avez faite, il vaut mieux que nous cessions toutes relations.

Il était abasourdi :

— Ce n’est pas possible ! dit-il. Laure, ce n’est pas vous qui parlez ainsi, vous qui, tout à l’heure encore tendiez vos lèvres à mon baiser.

Elle haussa dédaigneusement les épaules, et elle laissa tomber ces mots avec un sourire qui sembla à Gérard la plus cruelle des ironies :

— Mon cher, quand on tient sa proie, on ne la laisse pas échapper. Souvenez-vous de la fable du pêcheur et du poisson.

« Je vous ai prévenu : il faudra me prendre et me forcer à m’avouer vaincue, mais je me défendrai. Vous êtes un mauvais chasseur qui faites grâce au gibier au dernier