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Depuis qu’elle avait fait part de son idée à Roger, Gaby cherchait la solution de ce délicat problème.

Tout d’abord elle avait pensé que son amant pourrait se mêler aux joueurs de billard avec lesquels se rencontrait quotidiennement Anselme Trivier… Mais c’était précisément ce qu’il fallait éviter. Roger ne pouvait se rencontrer avec Anselme aux heures des matchs de billard, puisque précisément ces providentiels matchs permettaient aux deux amants de s’aimer en toute sécurité.

Non, ce n’était pas la bonne solution…

Et puis, Gaby voulait que l’entrée de Roger dans son intérieur fût marquée par un événement qui forçât tout de suite l’amitié de son mari… Elle pensait que Roger pourrait, par exemple, rendre un service à Anselme… mais lequel ?… Et comment ? Ils n’avaient pas d’amis communs…

La rencontre de Gaby et de Roger avait été toute fortuite. Ils s’étaient connus à une fête de société où Mme Trivier avait été entraînée par une tante qui n’avait elle-même que de très vagues relations avec le jeune officier… Une après-midi passée ensemble, deux ou trois entrevues dans un salon de thé, puis l’acceptation finale du rendez-vous chez le lieutenant avaient marqué les étapes de l’aventure entre la jolie Mme Trivier et le lieutenant Brémond…

Cependant, Gaby était femme de ressources.

Or, cet après-midi là, elle était arrivée toute joyeuse chez son amant.

— J’ai trouvé, lui dit-elle…

— Qu’as-tu trouvé ?…

— Le moyen de te présenter à mon mari !…

— Ah ! fit Roger d’un air distrait, car nous savons qu’il ne tenait pas outre mesure, lui, à entrer en relations avec le chef du service d’escompte à la Banque Générale des Valeurs…

Pourtant, il crut devoir manifester une certaine curiosité et demanda :

— Quel est ce moyen ?

— Voilà. Figure-toi que depuis une semaine, je suis suivie tous les jours par un quidam qui s’entête à me débiter des boniments… Alors, hier, comme j’étais en compagnie