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— Oui, tu cherches ce que tu pourrais bien me dire que je trouve naturel… Ah ! Tu sais, Anselme, fais bien attention !… Ne me trompe pas… ou sinon…

— Sinon ?…

— Sinon, le jour où je saurais que tu as une maîtresse, je prendrais un amant… n’importe qui… M. Brémond par exemple !…

Roger était surpris. Il trouvait que Gaby allait un peu loin, et il se demandait, si, tout de même, Anselme n’allait pas se rendre compte qu’il jouait un rôle ridicule ; mais Anselme, qui était tout à la joie d’avoir découvert que le mystérieux anonyme l’avait induit en erreur, Anselme ne pouvait s’apercevoir de rien, Anselme ne pensait qu’au bonheur d’avoir une épouse fidèle et un ami dévoué… il ne pensait qu’à ce bonheur et il était très heureux de la scène de jalousie que lui faisait sa femme, parce que, du moment qu’elle était jalouse, cela prouvait qu’elle était fidèle…

Aussi s’amusait-il à la voir ainsi et, lorsqu’elle déclara qu’elle prendrait pour amant n’importe qui, même Roger, et malgré les protestations aimables de celui-ci, Anselme s’écria-t-il avec assurance :

— Avec M. Brémond, dis-tu ?… Ah ! Je suis bien sûr que tu ne pourrais le séduire…

— Et pourquoi donc ?

— Parce qu’il est mon ami… et que je suis sûr de sa loyauté !

Anselme allait ajouter autre chose, mais il se ravisa ; l’heure n’était pas encore venue de faire des confidences… Il préférait les réserver pour après le dîner ; il ferait sa confession au moment du café et des liqueurs, cela lui serait moins pénible qu’actuellement.

Durant tout le repas, il se montra aimable, empressé, galant pour sa femme et plein de prévenances pour Roger, cet ami envers lequel il avait formé d’injustes soupçons et que, pour un peu, il aurait trahi dans les bras de sa maîtresse… Cela, Anselme ne se le serait jamais pardonné et il était plus fier que jamais d’avoir eu la force et le courage de résis-