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Et, bondissant, la canne haute, Anselme Trivier ouvre complètement cette porte, pénètre dans la chambre, puis se dirige vers le lit, en criant :

— Misérables !… Misérables !…

À sa vue une femme surgit, et lui répond en appelant :

— Au secours ! À l’assassin !… Au secours !…

La femme, assise sur le lit, apparaît en pleine lumière…

Anselme peut la contempler tout à son aise… Et il reste là, la canne levée, sans pouvoir faire un geste… Cette femme, en effet, n’est pas la sienne… Et il ne peut finalement que se laisser tomber sur une chaise, en disant, abattu :

— Ce n’est pas Gaby !

— Sûr que je ne suis pas Gaby, répond une voix gouailleuse… Je ne connais pas Gaby… Moi je m’appelle Irène… Mais vous, qui êtes-vous ? et pourquoi entrez-vous dans les maisons par les fenêtres ?… En voilà des manières…

— Le lieutenant Brémond n’est pas là ?

— Non… Je l’attends !… Mais je voudrais bien savoir tout de même qui vous êtes… Vous n’avez pourtant pas l’air d’un cambrioleur !

— Je n’en suis pas un non plus… Je suis un pauvre mari…

— Oui, un mari cocu… quoi ?…

— Pas du tout ! Précisément, je croyais l’être et je ne le suis pas.

— Moi qui allais vous offrir mes condoléances… Au contraire, je vous félicite.

— Figurez-vous qu’un anonyme que je ne connais pas…

— Comme tous les anonymes !

— M’avait écrit que ma femme me trompait avec le lieutenant Brémond qui est mon meilleur ami…

À cette déclaration, la jeune Irène éclate d’un rire bruyant.

— Ah non ! Celle-là, elle est bien bonne !… Roger me tromper… moi !…

— Vous êtes sûre de lui ?

— Si je suis sûre de lui… Ah ! le pauvre, je me demande ce qu’il irait porter à une autre femme en sortant de mes bras…

— Ah !…