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rien venir. Il est bien entré déjà deux ou trois personnes dans la maison, mais aucune ne ressemblait à Gaby… Il est trois heures, l’heure fixée par la lettre anonyme, et le mari espère encore que le dénonciateur s’est trompé…

Hélas ! cet espoir est déçu presque en naissant.

En effet, alors qu’Anselme se dit : « J’en étais bien sûr, elle ne viendra pas ! » un taxi s’arrête devant la porte de Brémond ; un taxi duquel descend une jeune femme dont le pauvre Trivier ne peut distinguer les traits. Mais il reconnaît la robe, la robe bleue qu’il trouvait, il y a une heure, si seyante sur le corps de sa Gaby, et le chapeau… le même chapeau devant lequel il s’extasiait !…

C’est fini ! Il n’y a plus aucun doute à avoir. La lettre anonyme avait dit vrai : sa femme le trompe avec son meilleur ami. Roger le fait cocu !

Eh bien ! non ! Il ne pleure pas !… Il enrage au contraire à présent… Il tend au chauffeur un billet pour le payer… puis, serrant nerveusement sa canne dans sa main, il se dirige vers la maison où son honneur conjugal est en train de sombrer, il s’y dirige délibérément, prêt à la grande scène de fureur et d’indignation.

Il se voit déjà, le lendemain, se battant en duel avec Roger… et il a des idées homicides… Il regrette même de ne pas avoir emporté un revolver… Il aurait pu faire justice immédiatement.

Le voici devant le rez-de-chaussée habité par son rival… Quelle imprudence ?… Est-ce que celui-ci n’a pas laissé la fenêtre ouverte… Cela va lui éviter de sonner ou de frapper… Il n’en surprendra que mieux les deux amants. Justement il ne passe personne dans la rue, Anselme en profite, il escalade` l’appui de la fenêtre et, la canne haute, se précipite dans l’intérieur de l’appartement. Il est dans un salon, mais une porte entr’ouverte lui indique la chambre…

Il ne peut se tromper, sur une chaise posée à côté de ladite porte, il distingue la robe bleue… la fameuse robe bleue qui est déjà enlevée…

Ce dernier détail met le comble à son exaspération… Cette fois, il n’y a plus qu’à agir…