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creuse en vain la tête ; il cherche sans y parvenir à deviner. D’ailleurs peu importe, ce qu’il doit contrôler surtout, c’est la véracité du renseignement qui lui est fourni.

À trois heures, dit la lettre anonyme. Eh bien ! c’est entendu, à trois heures il sera là, lui aussi et il verra bien si le dénonciateur a raison et si sa femme ira chez Roger… Si malheureusement c’est vrai, alors, oh ! alors !… Les coupables seront punis comme ils le méritent…

Pourtant, il ne peut s’empêcher de trouver que si Gabrielle est coupable, elle trompe joliment, par son allure, car jamais elle ne lui a semblé si gracieuse, si aimable, si empressée… Elle n’a rien de la femme qui va retrouver son amant. Au contraire, à sa grande stupéfaction, elle lui propose de sortir avec lui et de l’accompagner jusqu’à sa banque. Cela, par exemple, c’est un comble, car il a précisément ce jour-là averti qu’il ne viendrait pas dans l’après-midi, ayant une importante affaire de famille à régler.

Il ne peut cependant pas refuser à sa femme de l’accompagner, d’autant plus qu’il pense tout à coup que c’est peut-être une ruse de Gabrielle qui veut s’assurer qu’il va bien à son bureau… de façon à pouvoir en toute tranquillité aller à son rendez-vous coupable…

Naturellement, il examine la toilette de Gabrielle. Elle ne peut manquer de s’être montrée coquette pour aller retrouver celui que déjà, dans son esprit, Anselme Trivier appelle le complice.

Et le mari inquiet fait tout haut la remarque :

— Cette robe bleue t’habille vraiment bien ! Quant à ton chapeau, il te va merveilleusement !… C’est pour aller chez ta tante que tu es si belle !…

— Et aussi pour t’accompagner… Je tiens à faire honneur à mon mari,

— Prends garde ! Tu vas encore te faire suivre !…

— Peuh ! Ça ne me gêne pas !…

Elle ajoute même :

— Cela te fait honneur d’avoir une femme élégante ! Moi, je suis ravie que ma toilette te plaise.