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— Je te le promets !

— C’est juré ?

— C’est juré !

— Alors, couchons-nous vite pour rattraper le temps perdu…

Bien qu’on prétende, suivant un vieux proverbe, que le temps perdu ne se rattrape jamais, Roger et Gaby s’y emploient de leur mieux, et, ma foi, s’ils n’ont pas rattrapé réellement le temps perdu, ils se sont au moins bien dédommagés des trois-quarts d’heure d’attente de Gaby.

Malheureusement, le réveil réserve à la jeune femme une désagréable surprise. Naturellement, les effusions passées, elle revient à la question qui la préoccupe tant, et elle ne peut s’empêcher de dire à son amant :

— Mais enfin, vous n’avez pas passé tout l’après-midi à courir les magasins pour chercher ce fameux cadeau… Qu’avez-vous fait encore ?

— Ce que nous avons fait, répond Roger le plus tranquillement du monde et sans penser à l’explosion qu’il va provoquer… Nous sommes entrés au café et nous avons fait un billard !…

— Un billard !… Un billard… Pendant que moi, j’étais ici à me morfondre en t’attendant, tu jouais au billard avec mon mari !… Ah ! les hommes ! Tous les mêmes !… Tous les mêmes !… Et tu oses encore me dire que tu m’aimes…

— Je ne fais pas que le dire… Je pense que je le prouve…

— Oui, mais tu joues au billard avec mon mari !… Ça, c’est la suprême injure…

Et Roger doit consoler Gaby effondrée, toute en larmes, qui s’estime certainement à cette minute la plus malheureuse et la plus incomprise des femmes…

— Non, dit-elle… Non. Ça ne peut pas durer ainsi. Je préfère que tu te fâches avec Anselme et que vous ne vous voyiez plus. J’ai fait une bêtise en vous présentant l’un à l’autre.

— Ça… ma petite Gaby, je te l’avais dit. Souviens-toi ! C’est toi qui as insisté.

— C’est vrai ! Eh bien ! J’ai eu tort… Mais ce n’est pas