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Mais l’amitié de Trivier pour Roger devenait accaparante, si accaparante que la pauvre Gabrielle devait bien finir un jour par s’en apercevoir.

Oh ! certes, son amant était toujours aussi épris, et sous ce rapport, elle n’avait rien à lui reprocher… Mais le beau lieutenant, semblait-il, ne lui appartenait plus autant… Anselme lui donnait maintenant des rendez-vous à la sortie de son bureau, et Roger, à cause du mari, était obligé d’écourter les après-midi d’amour accordées à la femme…

Un événement imprévu vint encore aggraver cette situation pénible pour notre héroïne. Gabrielle ayant dû s’absenter inopinément pour se rendre à l’autre bout de la France auprès de son père malade, lorsqu’elle revint, elle trouva son amant encore davantage pris par son mari.

Anselme ne quittait plus Roger… et il y eut, le jour même du retour, une explication à ce sujet entre les deux amants.

On se doute qu’en se retrouvant, ils pensèrent d’abord à s’aimer, à se donner et à se prendre à satiété… Deux semaines de privation les rendaient tous deux fous de désirs… Avant toute autre chose, ils avaient apaisé leur fringale d’amour… Roger s’était montré par trois fois très brillant, et ce fut sur l’oreiller, en goûtant la bonne fatigue qui suit les longues étreintes que Gaby questionna son amant :

— Si tu savais, lui dit-elle, comme ces quinze jours m’ont paru longs, loin de toi…

— Et à moi donc ?…

— À toi aussi !… Vraiment… tu t’es bien ennuyé de ta petite Gaby… beaucoup, beaucoup…

— Beaucoup, beaucoup…

— Alors, tu l’aimes toujours autant ?…

— Davantage, si c’était possible !…

Lancés dans de telles démonstrations, ils devaient se fatiguer à nouveau… ce qui ne manqua pas d’arriver.

La conversation, ainsi interrompue, ne reprit qu’après un long repos. Ce fut encore Gabrielle qui l’engagea :

— Et mon mari ? dit-elle… tu es toujours aussi bien avec lui ?…