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deviennent des amis ? Gaby n’en doute pas, et d’ailleurs elle sera là pour donner, s’il le faut, le coup de pouce nécessaire.

La tante s’éclipse enfin. Elle va préparer du thé afin que sa nièce puisse se remettre de la grosse émotion provoquée par l’aventure dont la jeune femme vient d’être l’héroïne.

À peine sa parente a-t-elle disparu, que Gaby se précipite, entoure le cou de Roger de ses deux bras et l’embrasse tant qu’elle peut :

— Ah ! mon chéri ! lui dit-elle… Comme je suis heureuse de te voir ici…

— Fais attention ! répond Roger.

Au fond, le lieutenant est un peu mal à l’aise.

Mais Gaby, qui est une petite folle, s’écrie :

— Rien à craindre ! Ma tante fait le thé, la bonne est sortie et Anselme est à son billard… Quel effet ça te fait-il de te savoir chez moi ?

— Te l’avouerai-je ? ça me produit une bizarre impression. Je ne te cacherai pas que j’éprouve une certaine gêne.

— Tu es bête ! Apprête-toi donc au contraire à faire bonne figure et te poser en sauveur de ma vertu en danger. Un bon sauveur ma foi, car je crois bien que le pauvre type a eu son compte…

— Il en a au moins pour une semaine avant que ses yeux reprennent leur aspect coutumier.

— Tant mieux, ça le dégoûtera peut-être de suivre les femmes.

— Heureusement pour nous qu’il n’en a pas été dégoûté plus tôt.

— Sans quoi nous n’aurions pas pu monter cette scène… Eh bien ! On aurait trouvé autre chose !… Tu sais, je voulais arriver à te faire connaître Anselme, j’y serais arrivée…

— Oh ! Avec moi, tu arrives à tout ce que tu veux !…

— Ça, c’est gentil !… Dis, mon chéri… Comment trouves-tu chez moi ?

— Très bien… charmant… Je pourrai à présent évoquer le décor dans lequel tu vis ?

— Oui, n’est-ce pas ?… Quand tu seras seul chez toi, tu penseras à moi, tu te diras : En ce moment elle est dans sa