Page:Edmond Mandey L amant de Gaby, 1924.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 8 —

de ma tante et que ce vieux beau ne me lâchait pas, je profitai d’un moment où il était tout près de moï, pour dire à haute voix à ma tante qui me quittait précisément : « À demain, quatre heures, place Pereire ! » De sorte qu’il y a toutes les chances pour que tout à l’heure, mon suiveur se trouve place Pereire à m’attendre…

— Je ne vois pas !

— Attends ! Naturellement, il va m’aborder… Me causer… Toi… tu passes, comme quelqu’un qui ne me connais pas, tu es en uniforme, pas ?… Alors je t’appelle… Tu éconduis le monsieur… tu me sauves… je suis tout émue de ce qui m’arrive… tu m’accompagnes chez moi et je te présente à Anselme…

— Ça n’est pas plus malin que ça…

— Non, mais il fallait le trouver…

— Tu n’es pas bête, tu sais !…

— Alors, tu la trouves bonne, mon idée !…

— Comment bonne… excellente, superbe, merveilleuse !

— Je mérite une récompense, pour la peine…

— Comment donc ?… Tout de suite…

Afin de recevoir la récompense promise, Gaby se déshabille et se met au lit…

Roger est tellement satisfait de sa maîtresse qu’il la récompense largement… trois fois de suite, si bien qu’ils sont encore enlacés lorsque vient l’heure de partir pour se rendre place Pereire. Et alors, ils doivent encore se dépêcher, pour ne pas être en retard.

Gaby résiste — il lui faut un grand courage pour cela — aux invites de Roger qui se fait très pressant, et voudrait lui offrir une fois encore la récompense qu’elle a si bien méritée. Mais Gaby ce jour-là, est toute aux affaires sérieuses… Elle ne veut pas manquer le rendez-vous de la place Pereire où son amant doit accomplir l’acte de chevalerie qui lui permettra de connaître enfin M. Anselme Trivier, l’infatigable joueur de billard.

Un dernier baiser longuement savouré est échangé et Gaby, coiffée, chapeautée, gantée, donne ses instructions à son amant.