Page:Eberhardt - Contes et paysages, 1925.pdf/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ce n’était plus une prostituée, puisqu’elle vivait maritalement avec moi !

— On l’a trouvée près de la maison publique, le visage découvert, en train de causer du scandale… Elle a été arrêtée… Les renseignements que nous avons sur elle nous prouvent qu’elle n’a jamais cessé de faire son vilain métier… entendez-vous, docteur. Cette femme ne peut vous être rendue, dans votre propre intérêt… Je vois que vous êtes excessivement romanesque… Que puis-je faire, voyons !

Le capitaine s’énervait, mais voulait garder un ton courtois et conciliant.

Tout à coup, Jacques, à qui cette discussion était pénible affreusement, prit une résolution, la seule qui lui restât.

— Alors, mon capitaine, je vais demander aujourd’hui même, par dépêche, mon changement… pour cause de santé…

Une lueur de joie passa dans le regard impénétrable du capitaine.

— Vous avez peut-être raison. Je comprends combien le séjour d’El Oued vous est pénible, avec vos idées qui, je n’en doute pas, se modifieront avant peu… Nous vous regretterons certainement beaucoup, mais, pour vous, il vaut mieux vous en aller.

— Oui, enfin, je pars avec la conviction très nette et désormais inébranlable de la fausseté absolue et du danger croissant que fait courir à la