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France, Reischoffen où s’accrut sa gloire, Sedan où il faillit laisser sa vie.

Les soucis de l’administration et des grands commandements ne lui ont pas été épargnés. Vers la fin de sa carrière, la confiance de ses concitoyens a fait peser sur lui les responsabilités du pouvoir. Il a épuisé toutes les émotions des champs de bataille, toutes les amertumes du gouvernement, toutes les angoisses que les désastres d’une nation infligent au cœur de ses enfants, et loin que tant de sensations diverses, que de si grandes fatigues aient usé son corps ou altéré ses facultés, il n’a jamais été ni plus vaillant ni plus lucide qu’à l’heure actuelle, comme si le noble sang de ses aïeux l’avait fortifié contre les défaillances par où se révèle au soir de leur vie l’affaiblissement de ceux dont la carrière a été trop pleine.

Il est vrai qu’à tous les instants de ce long et infatigable labeur il n’a eu en vue que l’accomplissement du devoir et que, dans ce constant souci, il a trouvé un trésor de forces inépuisables. C’est par le culte du devoir que s’explique et se résume ce beau caractère. Homme du devoir, il le fut toujours et partout, simplement, modestement, dégagé de toute ambi-