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peu à peu sacrifier ses amis, ses collaborateurs, tous ceux qui depuis six ans se dévouaient à lui. Le cœur étreint par l’angoisse, il avait déjà signé la disgrâce de beaucoup d’entre eux. On sait ce qu’ont d’irritant et d’amer les questions de personnes. Il se résignait cependant, et il se résigna jusqu’au jour où le flot montant autour de lui menaça des généraux. Alors, à tort ou à raison, il vit l’armée atteinte et il refusa de céder plus longtemps.

Peut-être, — et plusieurs de ses amis l’ont pensé, — le scrupule était-il excessif, car, après tout, sa retraite ne sauvait pas les hommes qu’il voulait défendre et consommait la défaite de son parti. Mais on peut supposer que depuis longtemps, las du pouvoir, il cherchait un terrain pour tomber dignement. Ce terrain, la question militaire soulevée par les exigences du cabinet le lui offrait et il s’y plaça.

C’est au conseil des ministres du 28 janvier 1879 que ces exigences se produisirent. Le ministre de la guerre ayant à l’improviste annoncé un prochain mouvement parmi les commandants de corps d’armée dont cinq, les généraux de Lartigue, Bataille, Bourbaki, de Montaudon et du Barrail devaient être mis en