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l’homme d’un parti avaient foi dans sa loyauté, dans sa droiture. Ils savaient quel appui son renom de soldat apportait à la République dans ses relations avec l’étranger. Quand ils blâmaient ses tendances politiques, son peu de foi dans l’efficacité du régime républicain, ils admiraient son patriotisme, son désintéressement, l’éclat que par sa manière de vivre il donnait au pouvoir exécutif. Il dépensait, en frais de représentation, non seulement son traitement qu’il ne voulut jamais laisser augmenter, mais encore ses revenus personnels, si bien que son passage aux affaires l’appauvrit. Aucun souverain, aucun grand personnage étranger ne passait à Paris sans être reçu à l’Élysée. Les réceptions et les fêtes y étaient fréquentes et y ressuscitaient les somptuosités des plus grandes cours.

En même temps, il restait avant tout un soldat. Tandis qu’il abandonnait à ses ministres, et sous leur responsabilité, la conduite des affaires politiques, il s’était réservé la question si grave de l’armée et de la défense nationale. Il s’en occupait tous les jours, et avec passion, apportant sa haute compétence et sa vieille expérience dans cette tâche devenue son principal souci. Il se considérait comme le gardien