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que par les propos des hommes qui s’étaient chargés d’être ses initiateurs à la vie publique, lui faisait considérer le parti républicain comme le refuge des ennemis de l’ordre social, le détournait d’y chercher des conservateurs, lui laissait croire que c’est uniquement afin de défendre la société contre ce parti qu’il avait été élu le 24 mai, et l’empêchait de comprendre que, quel qu’eût été, au point de départ, le caractère de sa mission, elle s’était rapidement étendue et ennoblie ; qu’en un mot, la confiance du pays, justifiée par l’éclat des services et par l’admiration qu’il garde à tous ceux qui se vouent sans arrière-pensée à sa prospérité, l’avaient faite plus belle et plus grande que la mission d’un chef de parti.

« On attendait, en effet, du président de la République autre chose que le but que se proposaient la plupart de ceux qui l’avaient choisi et n’avaient pu se mettre d’accord, pour le choisir, qu’en négligeant de se mettre d’accord sur ce but. On lui demandait d’oublier ses origines, de s’élever à l’aide de son irresponsabilité constitutionnelle au-dessus des factions, d’être l’homme de la France, le défenseur des institutions qui naissaient à peine et le paci-