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Ainsi, cet illustre nom est associé aux épisodes les plus saisissants de l’histoire nationale contemporaine. Il l’est encore à d’autres incidents oubliés trop vite par ceux qui en furent les témoins, mais que l’avenir ressuscitera. Nous n’en citerons qu’un seul parce qu’il permet de juger l’homme dont nous parlons et d’apprécier quel grand cœur bat dans cette poitrine de soldat.

Ceci se passait le 25 février 1858.

À la suite de l’attentat d’Orsini, le Sénat venait d’être saisi d’un projet de loi dit de sûreté générale élaboré par le Conseil d’État, déjà voté par le Corps législatif et inspiré par la peur. C’était une de ces mesures de réaction et de compression qu’elle arrache aux gouvernements éperdus et affolés. Loi maladroite, loi inconstitutionnelle, loi de violence et de terreur. Au Corps législatif, personne ne l’avait dit ; au Sénat, un seul orateur osa le dire : le général de Mac-Mahon. Il faut lire aujourd’hui ces accents qu’ignorèrent les contemporains, les discussions des Chambres n’étant pas publiques. Ils méritent le grand jour de l’histoire. En les lisant et en se rappelant la rigueur du régime qui pesait alors sur la France, on comprendra ce