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Corps législatif, debout à son banc de député, revendiquant sans relâche les libertés nécessaires. C’est hier aussi qu’il publiait ce beau livre, Dieu, Patrie, Liberté, où se retrouvent exposées et éloquemment commentées les trois idées morales qui ont été l’assise de sa vie de politique et d’écrivain. Ce grand lutteur n’a pas désarmé ; demain le retrouvera prêt à de nouveaux combats. Il est de ceux qui luttent jusqu’à leur dernier souffle.

Si la politique ne l’a plus tout entier ni autant qu’autrefois, les lettres, en revanche, l’ont retrouvé. Homme de lettres, il l’est à l’Académie française, où nul n’est plus assidu que lui ; il l’est à l’Académie des sciences morales et politiques, qui l’a choisi à la presque unanimité pour secrétaire perpétuel ; il l’est dans ce riant salon de la place de la Madeleine, où il habite depuis trente ans, sous les toits, dans un merveilleux encombrement de livres et de papiers, ses instruments d’études, et dont tout ce qui a été illustre, en ce temps, a franchi le seuil. Hommes de lettres ! C’est justement là ce qui fait de ce vaincu, — car il n’est plus, lui aussi, qu’un vaincu, — un privilégié. Dans sa défaite, les lettres lui sont restées,