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rieur dans la soirée du 15 mai. M. Jules Simon était sorti. Elle ne lui fut pas remise quand il rentra, à cause de l’heure avancée. Elle passa la nuit sur son bureau où il la trouva de bonne heure, le lendemain, en se mettant au travail. Sa stupéfaction, sa colère n’eurent d’autres témoins que les personnes de son entourage intime. Mais il était indigné par ce qu’il considérait comme une injustice. Cependant, quand il se rendit chez le Maréchal pour lui apporter la démission motivée qu’il venait de rédiger, il conserva tout son calme. L’entrevue ne pouvait être très cordiale. Le Maréchal exposa brièvement ses griefs ; M. Jules Simon établit qu’ils étaient sans fondement et on se sépara sans s’être expliqué sur le fond. Il n’y avait pas d’explication possible.

On a souvent reproché à M. Jules Simon de s’être montré, dans ces circonstances, trop facilement résigné. On a dit que s’il avait pris une autre attitude, que s’il s’était publiquement révolté contre un traitement qu’il ne méritait pas, que s’il en avait appelé devant les Chambres des reproches qui lui étaient adressés par le Président de la République, les choses eussent changé de face et que l’injure imméritée qu’il