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coup. Trois ans après, en mai 1863, les électeurs de la huitième circonscription de la Seine envoyaient M. Jules Simon au Corps législatif.

C’est le privilège de la cause libérale de n’être jamais si pure, si belle, si grande que lorsqu’elle a contre elle les législateurs et les lois. Elle est alors comme une victime touchante, ennoblie par les sacrifices qu’elle exige de ses défenseurs. Elle leur inspire les stratagèmes les plus ingénieux, des dévouements admirables ; elle met le désintéressement dans leur âme, l’éloquence sur leurs lèvres. Les efforts qu’on tente pour elle se décuplent, et, pour être son avocat, il faut plus de talents et plus de vertus que lorsque, souveraine et triomphante, elle devient aux mains de ceux qui se disent ses champions un instrument d’ambition et de fortune.

La carrière politique s’ouvrait devant M. Jules Simon dans un de ces moments qu’on est tenté, malgré tout, d’appeler des moments heureux, tant sont vivifiantes les espérances qui gonflent les cœurs, généreuses les ardeurs qui passent à travers la nation et créent l’union entre des hommes d’opinions diverses, prêts à sacrifier leurs préférences pour ne se souvenir que des périls que court la liberté. On devinait que