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LES DEUX TESTAMENTS

der un silence sombre, occupés qu’ils étaient de leurs tristes pensées.

Xavier LeClerc, c’était le nom du jeune homme, levant enfin les yeux sur celle qu’il aimait, vit deux grosses larmes qui coulaient lentement sur ses joues roses.

À cette vue, il ne put se contenir plus longtemps.

— Maria, dit-il, en se rapprochant d’elle et en prenant ses mains qu’il serra doucement dans les siennes, Maria, ma bien aimée, je vous en supplie, consolez-vous ! Cela me brise le cœur de vous voir pleurer.

Après une pause, il reprit.

— Je vais faire une nouvelle tentative auprès de votre père ; je lui dirai que je suis disposé à attendre deux ou trois ans, s’il le faut. Pendant ce temps, je ferai mon possible pour améliorer ma position ; je ferai des économies ; je pourrais même aller tenter la fortune aux États-Unis, si je vois que je ne réussis pas ici.

Mais mon patron est bon et juste ; il m’estime bien et il a promis d’augmenter mes gages, l’année prochaine. Le destin peut aussi amener des changements, en attendant. Si deux ou trois des anciens commis partaient pour une raison ou pour une autre, cela m’avancerait beaucoup. Je gagnerais, alors, un salaire suffisant pour nous établir confortablement, sinon avec luxe. Je suis jeune, travaillant ; je jouis d’une bonne santé ; j’appartiens à une famille respectable… C’est déjà quelque chose. Votre père y songera deux fois avant de briser notre existence.

— Oui, répliqua la jeune fille tristement. Cela serait fort bien, si papa n’avait pas l’idée fixe de me faire épouser ce veuf exécrable parce qu’il le considère un bon parti. Il est si sérieux et si religieux que papa le trouve l’homme le plus parfait du monde. Moi, je le déteste.

— Et moi, me détestez-vous ? demanda Xavier en approchant son visage de celui de la jeune fille.

— Fou ! murmura Maria, vous savez bien que je vous aime.

— Donnez moi un baiser, alors !

Et sans attendre une réponse, qui aurait pu être défavorable, il déposa un long baiser sur ses lèvres.

Confuse et troublée, Maria cacha son visage contre l’épaule du jeune homme qui lui murmura passionnément à l’oreille.

Jure-moi que tu seras ma femme. Jure-moi que tu n’en épouseras pas d’autre !

Maria allait peut-être faire le serment demandé, quand un bruit de pas retentit dans l’escalier. Ef-