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AVANT-PROPOS

Les épouses les plus vertueuses ont ordinairement une faute de jeunesse à se reprocher, et les jeunes filles honnêtes sont d’une fadeur et d’une bêtise extrêmes, sans doute pour mieux contraster avec les courtisanes qui sont toujours représentées comme des modèles de grâce et d’esprit irrésistible.

Cette littérature immonde ne peut que démoraliser et abrutir l’esprit de ses lecteurs.

Et, pourtant, on admet ces romans-feuilletons au sein de familles honnêtes et pieuses.

Il ne manque pas de propagateurs enthousiastes de cette littérature pernicieuse.

Il y a peu d’années encore, la classe illettrée prêtait une signification tout à fait scabreuse au mot roman. Aujourd’hui ces préjugés ont presque entièrement disparu, mais hélas ! on est tombé de Charybde en Sylla.

Un bon moyen de combattre l’influence de ces romans serait peut être d’offrir, à leur place, des productions canadiennes se rattachant à nos mœurs, à notre histoire et qui, si elles ne sont pas toujours des chefs-d’œuvre, ne contiennent néanmoins rien de préjudiciable à la morale, ou n’excluent pas totalement l’idée de Dieu.

Faisons aimer davantage à la génération qui croît — génération plus ou moins exposée à l’absorption de la race anglo-saxonne — les traditions et les coutumes de nos pères.

Mme Duval-Thibault
Fall River, Mass. E. U. Déc. 1888.