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ces cérémonies sont terminées qu’on procède au rite de clôture.

Une tranchée, profonde d’un pied et longue de quinze, est pratiquée sur le terrain cérémoniel. Auparavant, on a exécuté sur le sol, à quelque distance de là, un dessin totémique qui représente le totem du mort et certains des endroits où l’ancêtre a séjourné. Tout près de ce dessin, une petite fosse a été creusée dans la terre. Dix hommes décorés s’avancent alors les uns derrière les autres et, les mains croisées derrière la tête, les jambes écartées, ils se tiennent au-dessus de la tranchée. À un signal donné, les femmes accourent du camp dans le plus profond silence ; une fois à proximité, elles se mettent en file indienne, la dernière tenant entre ses mains l’étui qui contient l’humérus. Puis, toutes se jettent par terre et, marchant sur les mains et sur les genoux, elles passent, tout le long de la tranchée, entre les jambes écartées des hommes. La scène dénote un grand état d’excitation sexuelle. Aussitôt que la dernière femme a passé, on lui enlève l’étui, on le porte vers la fosse auprès de laquelle se tient un vieillard ; celui-ci, d’un coup sec, brise l’os et on enterre précipitamment les débris. Pendant ce temps, les femmes sont restées plus loin, le dos tourné à la scène qu’il leur est interdit de regarder. Mais quand elles entendent le coup de hache, elles s’enfuient en poussant des cris et des gémissements. Le rite est accompli ; le deuil est terminé[1].

II

Ces rites ressortissent à un type très différent de ceux que nous avons précédemment constitués. Ce n’est pas à dire que l’on ne puisse trouver entre les uns et les autres des ressemblances importantes que nous aurons à noter ;

  1. North Tr., p. 531-540.