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autres clans qui peuvent, dès lors, en disposer librement. On procède exactement de la même manière pour la provision qu’a faite l’Alatunja. À partir de ce moment, les hommes et les femmes du totem peuvent en manger, mais seulement un peu ; car s’ils dépassaient les limites permises, ils perdraient les pouvoirs nécessaires pour célébrer l’Intichiuma et l’espèce ne se reproduirait pas. Seulement, s’ils n’en mangeaient pas du tout, et surtout si, dans les circonstances que nous venons de dire, l’Alatunja s’abstenait totalement d’en manger, ils seraient frappés de la même incapacité.

Dans le groupe totémique du Kangourou qui a son centre à Undiara, certaines des caractéristiques de la cérémonie sont marquées d’une manière plus apparente. Après que les rites que nous avons décrits sont accomplis sur le rocher sacré, les jeunes gens s’en vont chasser le kangourou et rapportent leur gibier au camp des hommes. Là, les anciens, au milieu desquels se tient l’Alatunja, mangent un peu de la chair de l’animal et, oignent avec de la graisse le corps de ceux qui ont pris part à l’Intichiuma. Le reste est partagé entre les hommes assemblés. Ensuite, les gens du totem se décorent de dessins totémiques et la nuit se passe en chants qui rappellent les exploits accomplis au temps de l’Acheringa par les hommes et les animaux kangourous. Le lendemain, les jeunes gens retournent chasser dans la forêt, en rapportent un plus grand nombre de kangourous que la première fois et la cérémonie de la veille recommence[1].

Avec des variantes de détails, on trouve le même rite dans d’autres clans arunta[2], chez les Urabunna[3], les Kaitish[4], les Unmatjera[5], dans la tribu de la baie de la

  1. Spencer et Gillen, Nat. Tr., p. 204.
  2. Nat. Tr., p. 205-207.
  3. North. Tr., p. 286-287.
  4. Ibid., p. 294.
  5. Ibid., p. 296.