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Spencer et Gillen)[1]. Très maître de la langue parlée par ces peuples[2], Strehlow a pu nous rapporter un grand nombre de mythes totémiques et de chants religieux qui nous sont donnés, pour la plupart, dans leur texte original. Malgré des divergences de détails qui s’expliquent sans peine et dont l’importance a été grandement exagérée[3], nous verrons que les observations faites par Strehlow, tout en complétant, précisant, parfois même rectifiant celles de Spencer et Gillen, les confirment en somme dans tout ce qu’elles ont d’essentiel.

Ces découvertes suscitèrent une abondante littérature sur laquelle nous aurons à revenir. Les travaux de Spencer et Gillen surtout exercèrent une influence considérable, non seulement parce qu’ils étaient les plus anciens, mais parce que les faits y étaient, présentés sous une forme systématique qui était de nature, à la fois, à orienter les observations ultérieures[4], et à stimuler la spéculation. Les résultats en furent commentés, discutés, interprétés de toutes les manières. Au même moment, Howitt, dont les études fragmentaires étaient dispersées dans une multitude

  1. Die Aranda- und Loritja-Stämme in Zentral-Australien. Quatre fascicules ont jusqu’à présent été publiés ; le dernier paraissait au moment où le présent livre venait d’être terminé. Nous n’avons pu en faire état. Les deux premiers traitent des mythes et des légendes, le troisième du culte. Au nom de Strehlow, il est juste d’ajouter celui de von Leonhardi qui a joué dans cette publication un rôle important. Non seulement il s’est chargé d’éditer les manuscrits de Strehlow, mais, sur plus d’un point, par ses questions judicieuses, il a provoqué ce dernier à préciser ses observations. On pourra, d’ailleurs, utilement consulter un article que Leonhardi a donné au Globus et où l’on trouvera de nombreux extraits de sa correspondance avec Strehlow (Ueber einige religieuse und totemistische Vorstellungen der Aranda und Loritja in Zentral-Australien, in Globus, XCI, p. 285). Cf. sur le même sujet un article de N.-W. Thomas paru dans Folk-lore, XVI, p. 428 et suiv.
  2. Spencer et Gillen ne l’ignorent pas, mais sont loin de la posséder comme Strehlow.
  3. Notamment par Klaatsch, Schlussbericht über meine Reise nach Australien, in Zeitschrift f. Ethnologie, 1907, p. 635 et suiv.
  4. Le livre de K. Langloh Parker, The Euahlayi Tribe, celui d’Eylmann, Die Eingeborenen der Kolonie Südaustralien, celui de John Mathew, Twe Représentative Tribes of Queensland, certains articles récents de Mathews témoignent de l’influence de Spencer et Gillen.